La guerre du Vietnam dans toute son horreur et sa psychologie. Voilà comment Francis Ford Coppola nous montre cet affrontement dans Apocalypse Now, il nous présente simplement la vérité. C'est un grand film de part sa cruauté et sa vérité.
Le film commence par des images de destruction sanctifiées avec une somptueuse musique des Doors ... Je ne savais pas alors que j'étais partie pour plus de 2 heures de scènes violentes, non au point de vue physique (quoi que les massacres sont très présents) mais surtout une torture morale omniprésente...
A la place de vous immerger dans des scènes de combats incessants dans la jungle du Vietnam , le réalisateur a fait le choix de nous inviter à suivre la mission secrète du capitaine américain Willard (incarné par Martin Sheen) rompu aux missions spéciales de l'armée bien souvent très officieuses.
Et en effet, le fleuve remonté, cette Grand Oeuvre prend toute sa dimension, philosophique mystique et transcendantale. Les dialogues folie/raison, jeunesse/sagesse, beauté/monstruosité nous sont exposées. Les préjugés s'effacent et Francis Ford Coppola, en prenant son temps, nous conduit à nuancer nos jugements, à affiner notre quête inassouvie de la Vérité.
Durant cette traversée, on découvre plus en profondeur les personnages, développant des caractères propres et très poussés, toujours vus de l’œil du colonel, ce qui rajoute encore une dimension au jeu : non seulement les personnages sont précis mais de plus vus d'un œil bien particulier.
La réalisation et la beauté de l'image sont pour moi une des plus grandes force du film. Ces multitudes de tons orangés, sombres, les champs de bataille rougeâtres et envahis par la fumée… je m’y croyais vraiment.
Les acteurs sont parfaits. Martin Sheen joue un capitaine halluciné. Ses gestes sont justes, mais c'est son regard qui est le plus frappant, tout au long du film. On sent ses nerfs prêts à flancher d'un moment à l'autre et on se demande s'il sera capable d'aller jusqu'au bout de sa mission.
Marlon Brando est fascinant. Son rôle est un paradoxe à lui tout seul. A la fois victime et bourreau, il semble avoir fini de lutter, pourtant, il n'est pas résigné… dans la peau d'un renégat, il excelle tout bonnement. Même si l'épaisseur de son personnage reste due à la mise en scène de Coppola qui ne le démystifie jamais.
Enfin, Robert Duvall tout en bombardant un village au napalm, joue un personnage d'une certaine légèreté qui essaie de ne pas rendre la guerre plus tragique qu'elle ne l'est déjà.
La mise en scène quant à elle est une leçon de cinéma.
On ne peut qu'admirer la construction, alternance de temps forts et de temps faibles, au service d'une implacable progression dans la folie de la guerre, la rivière devenant le chemin qui conduit au plus profond de l'enfer jusqu'à Kurtz, ultime symbole de la folie de la guerre.
La caméra virevolte dans de formidables paysages d'apocalypse, accompagnés d'une musique toujours remarquable et lancinante, filmant avec talent les bombardements.
Ce n’est pas simplement un film visant à critiquer la guerre et sa monstruosité comme de nombreux films , livres mais aussi peintures l'ont déjà fait auparavant.
Il décrit bien évidemment le paysage apocalyptique et les blessures psychologiques laissée par une guerre féroce.
Mais cette description aussi brutale soit-elle n'est pas un plaidoyer contre la guerre et la stupidité des Hommes mais un portrait même de la guerre telle qu'elle a été au cours de l'épisode vietnamien.
Apocalypse Now n'est pas un film de guerre. C'est un film qui choisit la thématique de la guerre pour nous montrer l'Homme sous quelques-unes de ces facettes. Et ce n'est pas rien.
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