Il y a des gens qui ne sont pas allés voir Apocalypto parce qu’ils pensent que Mel Gibson est plus un dégénéré antisémite, misogyne et alcoolique qu’un réalisateur de cinéma. Peut-être. Pourtant Apocalypto est tout simplement un modèle de film de traque. La réalisation est sobre, le rythme effréné, et si à cela vous ajoutez un contexte historique dantesque (la fin de la civilisation maya), des décors exotiques et un langage qu’on comprend rien de rien mon bon monsieur, eh bien voilà, le tour est joué !

C’est aussi la fascination aveugle (malsaine ?) de Gibson pour la violence grand-guignolesque qui captive dans ces aventures cruelles, aussi éprouvantes pour les héros que pour les téléspectateurs. Que ce soit le rituel de chasse, qui introduit Apocalypto, que ce soit l’attaque du village (qui doit beaucoup à Conan), les sacrifices barbares ou la fuite de Patte de Jaguar, toutes les séquences sont peuplées d’effets gore, souvent saisissants. L’imagination de Mel Gibson dans le trash est sans limites semble-t-il. Et contre toute attente cela conduit parfois à de grands moments de cinéma.

On pense notamment à la course mortelle des survivants au sacrifice, très bel hommage à L’Armée des Ombres. Les méchants mayas, dans un geste de grande bonté, offrent la vie aux pauvres Indiens qui parviendraient à franchir une clairière… s’ils ne se font pas toucher par des armes de jet TRES contondantes. Le parallèle avec l’évasion de Ventura est évident, mais la scène n’en est pas moins intense, d’un suspense quasi insoutenable. La suite et fin est à l’avenant. Ce qui constitue pour ainsi dire toute la traque de Patte de Jaguar ne connaît aucun temps mort, est saisissante de réalisme. L’ingéniosité dans la mise en scène est surprenante, à tel point que l’on jurerait que l’Américain connaît aussi bien la forêt que ses acteurs indigènes (par ailleurs tous très bons). Bref un réalisateur en véritable état de grâce.

On peut donc légitimement attendre sa prochaine production, apparemment un film de vikings. Il y a tout lieu de penser qu’il y aura là de nouveau matière à filmer de grandes et belles scènes de boucherie.

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le 17 sept. 2018

Modifiée

il y a 5 jours

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François Corda

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