Le rugissement du lion de la MGM, un générique d’ambiance sur une musique de Quincy Jones, un crime filmé avec intelligence puis plus rien. Cette fausse suite de Dans la chaleur de nuit (Sidney Poitier aurait pu s’appeler Peter Smith, cela n’aurait rien changé au film) est d’un désespérant ennui. Désespérant car tant de bons ingrédients gâchés de la sorte, c’est toujours follement rageant. Le film est tristement statique et mou pendant près d’1h45. D’un côté, l’enquête n’a rien de palpitant et se limite à quelques interrogatoires et à la poursuite de certains indices un peu fades. De l’autre, le film met l’accent sur la vie personnelle de son personnage principal qui peine à éduquer convenablement son fils. Tous ces éléments n’apportent quasiment aucun éclairage sur la personnalité de Tibbs et tend à allonger inutilement la durée de l’ensemble.


Bavard jusqu’à l’overdose, le résultat est sans rythme. Dépourvu d’action (hormis une course-poursuite sympathique mais portée par une partition musicale qui se prête mal à la scène), porteur maladroit d’un message politique qui ne prend jamais d’épaisseur, drame psychologique sans tension, le film ne tarde pas à ennuyer. Tourné principalement en studio alors que les séquences extérieures offrent immédiatement davantage de consistance, on semble s’engluer dans une série de la fin des années 60 où les lignes de dialogue coûtent moins cher qu’un plan en ville. Si la mise en scène ne manque pas d’imagination, le matériau offert à Gordon Douglas est trop maigre pour espérer un récit plus trépidant. N’étant déjà pas réputé pour la nervosité de ses films, il ne peut relever un pari perdu d’avance.


Mal fagoté, l’ensemble paraît vraiment daté. C’est dommage pour le duo Sidney Poitier/Martin Landau, c’est dommage pour l’excellente partition musicale de Quincy Jones qui est sûrement le point fort du film, c’est dommage pour San Francisco qui n’est qu’esquissé. Tout semble prétexte seulement à exploiter le filon du premier film dans un amas de paresse qui n’annonce en rien le polar urbain américain des années 70.

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le 25 sept. 2022

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