Après deux films bouleversants autour de l’enfance – I Wish (2012) et Tel père, tel fils (2013) – et le lumineux Notre Petite Sœur (2015), chronique féminine toute de douceur et d’élégance, Hirokazu Kore-eda a choisi de placer un personnage masculin au centre de Après la tempête tourné dans un quartier périphérique de Tokyo où il a lui-même passé son enfance.
Ecrivain en panne d’inspiration et détective privé à la déontologie douteuse, Ryota est perpétuellement fauché à cause de son addiction au jeu et vit séparé de son fils de 11 ans et de sa femme, laquelle envisage de se remarier. Mais un soir de typhon, tous trois vont être contraints de passer la nuit ensemble dans le minuscule appartement de la mère de Ryota.
Kore-eda observe ce petit monde avec sa sensibilité habituelle, teintée ici d’un brin d’ironie inédite, pour peindre en touches légères le portrait pessimiste mais non dénué d’humour d’une famille désagrégée qui se retrouve le temps d’une tempête pour mieux apprendre à se séparer. Comme toujours, le réalisateur japonais donne le beau rôle aux femmes, à commencer par la sage et perspicace mère de Ryota, interprétée par Kirin Kiki, l’inoubliable vieille dame des Délices de Tokyo. Ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’une réelle empathie pour son héros pourtant peu reluisant, dont on espère sans trop y croire qu’il saura redonner à sa vie le sens qu’il se plaint d’avoir perdu