Film à sketchs assez déroutant, "Asylum" se présente, dans ses premières minutes, comme un whodunit à la Agatha Christie (un postulant psychiatre doit deviner l'identité du médecin chef de l'asile parmi plusieurs internés pour pouvoir prétendre à un poste dans l'institut) pour bifurquer, lors d'une séquence particulièrement impressionnante de montée d'escaliers sous le regard habité de tableaux présentant la folie dans toute son horreur, vers un film composé de petites histoires horrifiques très efficaces et angoissantes.
Doté d'un casting 4 étoiles (Peter Cushing, Britt Ekland, Charlotte Rampling à ses débuts), "Asylum" déroute dans sa construction narrative destinée à perdre le spectateur à travers le sens des réalités déformé de ses quatre patients. Si les histoires sont de qualité inégales (la première est un petit sommet d'angoisse et la deuxième un conte gothique qui bénéficie de la présence inquiétante de Cushing alors que la troisième révèle assez vite le noeud de son intrigue tandis que la dernière semble un peu à côté de la plaque), force est de constater que l'intrigue sait perdre son spectateur dans son jeu d'énigmes où la folie et le surnaturel se côtoient. Ainsi, la grande force du film est de ne pas avoir sciemment choisie entre réponses scientifiques et mystères paranormaux. C'est d'ailleurs en cela que le dernier sketch vient un peu perturber cette construction narrative en venant s'insérer dans la réalité du personnage principal. Tout comme le final, un peu surjoué et que l'on sentait venir de loin. Mais ces éléments n'enlèvent en rien à la force d'attraction de ce film singulier qui aurait pu être un prologue à la formidable deuxième saisons de la série "American Horror Story" (titrée, d'ailleurs, "Asylum"). En effet, les deux oeuvres partagent cette envie de confondre folie et horreur dans un mélange parfois maladroit mais où l'angoisse et le malaise n'oublient jamais de venir prendre le spectateur à la gorge.
Bien mis en scène (le premier sketch, malgré son côté daté, nous offre quelques mouvements de caméra à se faire dresser les cheveux sur la tête) et doté d'une direction artistique plaisante et d'acteurs investis, "Asylum" fait parti du haut du panier de ce que le cinéma anglais pouvait nous offrir de perles horrifiques dans sa grande période des sociétés Hammer et Amicus (cette dernière étant derrière le film évoqué ici présent).