Jeune agent immobilier, Leigh se retrouve à s’occuper de vendre une maison saisie comme cela lui arrive souvent. Ce qui sort de l’ordinaire en revanche c’est l’adolescente fugueuse de la famille propriétaire qui hante les lieux. En cherchant à aider la jeune fille, Leigh va se retrouver confronter à une histoire de possession et sans le savoir va laisser entrer les forces du mal dans sa vie.

Un pitch de départ qui laisse à penser à une énième histoire de possession démoniaque, le second métrage de Nicolas McCarthy est cependant plus compliqué qu’il n’en a l’air. Persistant et signant puisqu’il a auparavant réalisé The pact, une autre histoire fantastique puisque c’était une histoire de maison hanté.

Comme avec son premier film où il avait choisi une banlieue pauvre plutôt que la traditionnelle banlieue aisée des pelloches horrifiques américaines, il place l’intrigue de son sujet en plein dans la poussière et la misère. Les premiers plans nous amène dans un camping car basé en plein milieu de nul part où un petit couple pénètre. L’atmosphère est glauque et pesante, et la suite ne fera qu’accentuer cela. Si l’héroïne semble bien s’en tirer, les maisons qu’elle vend sont saisies par les banques, la baraque hanté par un démon est une ruine sale et morose. Choisissant de dépeindre une Amérique marquée par la crise, AT THE DEVIL’S DOOR se démarque ainsi, par un choix inhabituel de héros aussi. La première victime est une adolescente mais ayant fugué et acceptant de vendre son âme pour se payer une paire de basket.

L’héroïne en revanche est plus plate. L’actrice manque cruellement de charisme. On se désespère de la suivre, et il est difficile d’éprouver de l’empathie ou même de la compassion pour elle. Chose que le réalisateur lui-même a dû éprouver car il n’hésite pas à la faire disparaître en milieu de parcourt, répétant ainsi ce qu’avait fait Hitchcock pour PSYCHOSE en changeant d’héroïne en plein milieu du film. Un changement brutal qui permet au scénario et à la narration de changer, la seconde héroïne étant plus forte et plus maligne fait preuve d’assez d’audace au point de ressembler en pas mal de point à l’héroïne de ALIEN alias Ripley.

En effet au-delà de la possession l’histoire du film raconte avant tout une histoire de maternité contrariée. Toutes les trois, que ça soit l’adolescente du début fausse rebelle qui se retrouve confronté à sa naïveté quand elle finit enceinte d’un démon, ou la belle et frigide agent immobilier qui est incapable de faire des enfants ou bien la dernière qui comme Ripley ne veut pas d’enfant, toutes sont confrontés à cette obsession, ce refus ou ce désir, enfanter. Un scénario fin et intelligent qui finit en bottant en touche.

Contrairement AU PROJET ATTICUS ou même à LES AMES SILENCIEUSE, le réalisateur semble maîtriser son sujet. Nous épargnant les clichés du genre et la surenchère habituelle, il rend la présence du diable presque à peine tangible jouant la carte de la subtilité. La présence du diable ressemble davantage à celle d’un esprit d’ailleurs, ouvrant des tiroirs, apparaissant sous la forme d’une fille morte, que celle d’un puissant démon. On doute d’ailleurs sérieusement de sa puissance quand ce dernier se contente pour tuer ses victimes de leur assener une crise cardiaque.

C’est là le point faible du film. Si le script est bon, l’idée en soit géniale, et les inspirations de bonne augure, la réalisation demeure plate et ne parvient à nous filer le moindre frisson. En cherchant à ne pas faire comme tous les films de possession le réalisateur ne fait pas peur du tout. Les manifestations du démon sont au mieux ridicule (ouvrir un tiroir d’une armoire c’est supposé faire peur ?) au pire se laissant aller au pire du genre (quand il fait léviter les filles avant de les balancer contre le mur violemment, n’a-t-on pas déjà vu cela ?). Toute la subtilité du scénario est balancée aux ordures devant l’absurdité des apparitions du démon et le manque cruel d’une véritable mise en scène. Pour renforcer cette impression l’image délavée et manquant de saturation, l’emploi d’une actrice sans le moindre charisme, tout cela pousse directement le film dans la case mauvais.

Ce qui est franchement dommage car le film avait pourtant tout pour sortir du lot et ne pas être une énième histoire de fille possédée. Dommage car la fin me faisait penser à une sorte de version féminine de Damien le gosse de LA MALEDICTION. En conclusion, film raté en dépit d’un très bon script. Une mise en scène plate et un mauvais choix de casting.
Sophia
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le 6 févr. 2015

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Sophia

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