Ce film...mais ce film...putain !
Le seul film que je n'ai eu besoin de voir qu'une seule fois pour qu'il atterrisse dans mon top 10. Il y a des coups de cœurs comme ça... coup de cœur tellement vif que j'ai acheté dans la foulée la bande dessinée et le roman de Pierre Lemaître.


Au revoir là-haut nous raconte l'histoire, dès la fin de la 1ère Guerre Mondiale, de deux gars rescapés des tranchées. L'un, Albert Maillard (interprété par Dupontel), s'en est pas trop mal tiré. Le second, son ami, Edouard Péricourt (joué par Nahuel Pérez Biscayard) a eu moins de chance. Il est défiguré par un fragment d'obus, souffre atrocement et refuse catégoriquement la chirurgie reconstructrice qu'on lui propose. Ce jeune homme de bonne famille, par peur de retrouver les siens dans cet état et avec ce visage préfère proposer à son ami Maillard une idée folle : se faire passer pour mort et monter une arnaque aux Monuments aux Morts pour se faire un peu de thunes et quelque part, je pense, un peu aussi pour se venger de cette société qu'il l'a mis dans cet état.
Ainsi, on suit ces deux personnages dans leur entreprise, Maillard travaillant où il le peut et comme il le peut pour gagner un peu d'argent afin de mener à bien ce projet, et Péricourt, caché sous une nouvelle identité et fabricant des masques magnifiques afin de retrouver un semblant de visage tout en dessinant des Monuments aux Morts afin de créer un catalogue (tant qu'à niquer un peu le système, autant la lui mettre bien au fond).
En plus de ces deux personnages hauts en couleur et en humanité, on nous présente toute une galerie d'autres personnages, du père d'Edouard, touchant de sincérité, joué par le magistral Niels Arestrup, au Lieutenant Pradel, véritable crevure jouée par Laurent Lafitte et dont la simple vue te donne envie de balancer des calottes par paquets de 10.


Compliqué pour moi d'écrire une critique un temps soit peu objective sur ce film, vous l'aurez sans doute compris.
Et puis étant bon public, j'ai tendance à rire assez facilement devant un film, mais détestant chialer en public de peur de me donner en spectacle, je crois que c'est l'un des seuls films qui aura donné l'occasion à mon chéri de se foutre ouvertement de ma gueule en me voyant verser quelques larmes bien ridicules comme une petite fille privée de goûter.
Parce que non seulement ce film a la propriété de te caler par ci par là des gags bien amenés et vraiment drôles mais aussi de te faire pleurer comme c'est pas permis.
Et puis niveau esthétique, il n'y a qu'à jeter un coup d’œil aux quelques masques crées par Péricourt pour te coller des petites étoiles dans les yeux. Je pense notamment à un masque représentant un paon qui est juste hallucinant de beauté ou encore à un autre masque bleu d'une finesse assez incroyable. Absolument splendide.
Pour le jeu d'acteur, j'ai eu un vrai coup de cœur pour Nahuel Pérez Biscayard (qui jouait un rôle très différent dans 120 battements par minute mais qui était également très touchant) qui arrive à te faire passer par ses yeux et ses grognements tous les sentiments possibles et imaginables. Ce personnage privé de parole et de visage est extraordinairement bien écrit et bien interprété. Une performance bluffante.
Et puis bon, étant fan de Lafitte, son rôle de profond enculé m'a aussi beaucoup plu.
En fait, j'ai adoré absolument tous les personnages et tous les acteurs.


En plus de ça, j'ai, je crois, relevé une très jolie symbolique basée sur les masques portés par Péricourt. Ainsi, si le premier, bleu, brillant est plein d'espoir lorsqu'il a l'idée de l'arnaque aux Monuments aux Morts qui semble lui redonner à la fois un visage et un sens à sa vie, on retrouve à la fin du film, au moment du suicide du personnage, un masque représentant un oiseau bleu, symbole de liberté lorsque celui-ci se jette dans le vide pour mettre fin à toute cette folie. On retrouve même un masque de transition d'un état à un autre lorsque Péricourt perd l'amitié de Maillard puis la retrouve. Il porte alors un masque dont la bouche passe d'une moue triste à un beau sourire. Un autre exemple est celui où, riche comme Crésus, Péricourt crée un masque de lion orné de billets. C'est à ce moment lui le roi du monde. (Roi = Lion, t'as compris)


Pour résumer, l'histoire, les personnages, les acteurs, les décors, tout est absolument fabuleux et on en prend plein les yeux pendant 1h57.
Un chef d’œuvre.

Marine_Puisieux
10
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le 2 oct. 2018

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Ann - Aël

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