Aura: Koga Maryuin's Last War
6.3
Aura: Koga Maryuin's Last War

Long-métrage d'animation de Seiji Kishi (2013)

Le syndrome chuunibyou serait-il à la mode ? Une question naturelle quand on regarde l’affiche et le synopsis d’Aura. Après tout ce film est sorti au cinéma quelques mois après la fin de la série la plus populaire sur le sujet, « Chuunibyou demo koi ga shitai ».

Mais toute comparaison a ses limites et outre le fait que les lights novels d’Aura soient antérieurs à ceux de Chuunibyou, le plus important à retenir est qu’à part leurs prémices, ces deux oeuvres s’avèrent très différentes. En effet, contrairement aux tags qui lui sont accolés, Aura n’est absolument pas une comédie mais un drama scolaire. Et sur cet aspect, j’ai trouvé Aura très satisfaisant.

Pour ceux qui ne sauraient pas ce que c’est que le chuunibyou, pauvres plébéiens, ce terme est utilisé au Japon pour décrire certains adolescents qui passent par une phase durant laquelle ils affirment leur existence en menant un mode de vie qui leur permet de se démarquer le plus possible des autres : dans le cas de Chuunibyou comme dans Aura, la manifestation du chuunibyou est particulièrement ostentatoire vu qu’il s’agit de se comporter comme des héros/mages/etc. partout où ils vont.

L’histoire est simple, Ichiro est un ancien chuunibyou prêt à redémarrer une nouvelle vie au lycée, jusqu’à sa rencontre avec Ryouko, une élève en pleine crise comme le montrent ses élucubrations interminables tout en terminologies fantasy et de science-fiction. Du déjà vu n’est-ce pas ? Ce qui change en revanche est l’approche intéressante opérée par l’auteur des livres, Romeo Tanaka (Jinrui wa suitaishimashita), qui a décidé de centrer son intrigue sur les conséquences d’un tel phénomène à l’école, où les élèves chuunibyous sont alors aliénés par leurs camarades et deviennent des victimes.

Le contenu en lui-même semble bien écrit, si l’on juge par la qualité des développements entre Ichirou et Ryouko et la conclusion du film. Romeo Tanaka arrive à notamment à nous transmettre lors de scènes clés toute la douleur qui peut résulter lorsque l’on interagit avec des personnes vivant tellement dans leur bulle qu’elles vont jusqu’à blesser leur entourage.

Cela dit le réalisme de l’oeuvre a ses limites, rien de majeur ou d’ennuyant si vous êtes habités aux animes, au contraire j’ai personnellement trouvé la scène de résolution finale franchement cool, mais il vaut toujours mieux se préparer à quelques libertés prises concernant le vraisemblable. Le plus agaçant à ce niveau là est que la classe d’Ichirou est composée d’un grand nombre de chuunibyous, ce qui m’avait déjà ennuyé dans Chuunibyou (suivez?). Heureusement, leur rôle s’avère très marginal ici.

Peut-être d’autres déceptions mais que je ne retiens pas à l’encontre le film, c’est que premièrement, la figure des parents est restée bien trop secondaire à mon goût, pour une oeuvre qui semblait de prime à bord aborder le sujet avec plus de sérieux. L’approche de Romeo Tanaka est également très ciblée sur la romance et les brimades, et j’ai été un peu étonné de voir une impasse presque totale sur les motivations des personnes atteintes du chuunibyou. On se penche sur les conséquences mais bien peu sur les origines de cette crise existentielle où de jeunes gens sont confrontés aux réalités et à leur petitesse de leur vie, un problème qui est finalement bien mieux exposé dans la série Suzumiya Haruhi no Yuutsu.

Les scènes individuelles d’Aura sont généralement bien faites mais l’exécution du scénario pêche à certains moments et je ne serais pas étonné que l’adaptation ait laissé pas mal de matériel de base sur le côté, ce qui expliquerait la transition parfois maladroite entre certaines scènes.

Techniquement, Aura est en dessous de la moyenne selon les standards des longs-métrages actuels : pas impressionnant pour un sou avec une présentation conventionnelle. A vrai dire, certaines séries récentes sont bien mieux faites. Quant aux musiques, elles ne sont pas mauvaises mais ont tendance à dramatiser à l’excès certains passages.

Mais ces faiblesses étant dites, cela ne m’a pas empêché d’apprécier Aura. Au contraire, j’ai eu droit à une bonne surprise et je n’ai pas vu le temps passer. Le duo principal est attachant et j’ai bien aimé l’approche du film. Aura n’est pas exceptionnel et avec la sortie la même année de Kotonaha no niwa, Kaze tachinu et Kaguya-hime no monogatari, il est difficile de ne pas le placer au rang de second couteau mais ça ne l’empêche pas d’être une oeuvre honnête en ce qui me concerne.
Skidda
7
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le 23 mai 2014

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