Soupe de poisson dégueulasse.

Quand je me suis installé dans la salle, je me suis demandé ce qui allait bien pouvoir se passer pendant ses 3h12 de film. J’avais vu le premier opus, mais aucune bande annonce de celui-ci. Je savais que cela allait se passer dans la flotte (c’est dans le titre les mecs) et que Cameron avait battu des records de profondeur pour faire ses images dans la fosse des Mariannes. J’imaginais donc un retour des hommes sur Pandora, de nouveaux ennemis à affronter et soit un exil vers les peuples de l’eau, soit le peuple de l’eau qui vient secourir le peuple des forêts, un truc comme ça.

Le film se lance et, en 30 minutes, tout est installé. On va voir le même film qu’il y a 15 ans, mais dans la flotte. Comme on a pas d’imagination on ressuscite les anciens méchants, on fait accoucher les morts, on remplace l’unobtainium par une substance qu’on ne trouve que dans le cerveau d’espèces de grosses baleines (oh ben ça alors, ça tombe bien, pile là où le gentil va s’exiler, rhalàlà) et voilà, c’est reparti. On ne manquera pas de souligner comment les méchants sont méchants et comment les Na’vis sont gentils. On dilue cette merdasse à grand coup de menace, de tentes qui brûlent et de cris déchirants et nous voilà embarqué dans une des histoires les plus décevantes de l’histoire du cinéma : Avatar 2, qui a remplacé ma soupe de poisson par de la chiasse ?

Commençons par le choix fainéant de reprendre lettre pour lettre le scénario du premier film (qui était pourtant loin de briller grâce à ça, sérieux, il a pas lu la presse Cameron ?) et d’aller remettre les mêmes personnages donne un sentiment de foutage de gueule assez déstabilisant. Je me doutais qu’on me prendrait pour un gros con, mais à ce point…

J’ai vraiment eu le sentiment que deux équipes distinctes avaient travaillé sur le film. La première sur la gestion de l’image et des effets spéciaux et la deuxième sur le scénario. La deuxième équipe a non seulement tout fait pour pourrir le travail de la première, mais elle y est totalement parvenue.

Car ce n’est pas une nouveauté, le film a un travail graphique très aboutit, même si malheureusement la surprise n’y est plus. Je n’ai d’ailleurs pas trouvé de différences marquantes avec le premier opus et quiconque a déjà joué aux derniers jeux vidéo sortis se lassera vite de ces images. Filmer une bouse en HD ne la rend pas plus belle, quand bien même serait-ce une bouse de baleine. J’arrivais d’ailleurs plus à savoir par moment si on était dans un film d’animation ou si c’était de vraies images qu’on matait. Je me suis souvent demandé si c’était vraiment de l’eau qui était filmée ou si c’étaient des effets spéciaux (et quand tu t’intéresses plus à la façon dont c’est fait qu’à l’histoire, c’est que ça pue du cul). Si cela donne un sentiment d’aboutissement car on ne distingue plus à l’image ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver que ça sentait le poisson pourri.

Je redoutais déjà avant de m’assoir dans la salle la longueur du machin, mais avec cette impression de revoir le même film, c’est comme si on m’avait servi un bâtonnet du Capitaine Igloo encore surgelé alors que j’avais commandé un saumon fumé de Norvège. On peut rajouter à cela aussi beaucoup d’incohérences et des passages où on se dit que les mecs à la réalisation s’en branlaient un peu que leur film soit bancal. Les protagonistes ont la consistance d’une rillette de sardine, pourtant, en 3h10, on aurait pu espérer approfondir les persos, leurs relations. Mais non, certains sont des sex interest, d’autres sont des petits cons (c’est marqué sur leur gueule), d’autres sont juste là parce qu’ils existent, rien de plus. Jack Sully lui-même n’a pas d’intérêt, sa femme est tristement inexistante (je suis même pas sûr que son nom soit prononcé). Les méchants ? On ne connait même pas leurs noms, ils sont juste là pour se faire dégommer à la fin. On sait même plus pourquoi ils sont à la recherche de Sully, vu qu’il n’est plus le leader de la rébellion. C’est juste une histoire de vengeance merdique.

On a aussi droit pèle mêle à des sous-titres pour poissons, des pêcheurs qui ne veulent pas se mettre à dos les Na’vis mais qui ont déjà zigouillé tout un banc, des relations père/fils compliquées mais qui s’arrangent à la fin, un méchant qui va se repentir mais pas trop, un masque à oxygène qui devient un masque de plongée sous-marine, un arbre des esprits sous l’eau tout pareil que dans le premier film, un plan final pareil que dans le premier film, etc.

Et puis, la scène de bataille finale, qui pour le coup est franchement bien fichue, pourquoi les Na’vis aquatiques disparaissent d’un coup ? J’ai peut-être loupé quelque chose mais tout le monde se bat, c’est la guerre et d’un coup, y’a plus que Jack et sa famille. Y se sont barrés où les autres ? A la pêche aux moules ? On peut également noter le triple kidnapping des enfants et leur triple évasion. Putain, 3 fois en 3h !

Pour résumer, ça valait pas le coup. C’est assez vide, ça sonne creux et ce n’est pas visuellement aussi exceptionnel que ça pour quiconque a déjà tenu une manette de PS5 entre ses mains. Beaucoup de gesticulation pour une soupe (de poisson) bien fadasse.

On peut alors se poser la question : de belles images font-elles un bon film ? A mon sens, le premier film l’a prouvé. On peut faire un film spectaculaire avec un scénario post-it même si on s’est torché avec. Malheureusement, l’inverse est encore plus vrai. On peut faire un excellent film avec des effets spéciaux moyens si l’histoire s’y prête. Et à mes yeux, le plus grand défaut du film est son principal argument de vente : la débauche non-stop d’images spectaculaire. Chaque plan semble avoir été réfléchi pour t’en mettre plein les yeux. Et malheureusement, on ne prend pas le temps de s’émerveiller, ça va à fond la caisse, on t’en montre, encore et encore et le scénario tente désespérément de s’accrocher aux images mais fini par lâcher prise pour s’échouer dans la profondeur de mes chiottes.

Il reste 3 films donc. Irais-je les voir ? Je ne sais pas. Après Jack dans la forêt et Jack à la plage, à quoi faut-il s’attendre ? Jack dans le désert ? Jack dans un volcan ? Jack à la neige ? Jack dans les égouts ?

Je ne suis pas sûr d’en avoir le courage.