• Revu en janvier 2014 (-1 point) :
J'en gardais un bien meilleur souvenir de ce monument superhéroïque. Sans pour autant dire qu'il est mauvais et qu'il y avait l'excitation de l'évènement en 2012, le film souffre assurément des revisionnages. Faute à une durée trop importante et une mise en place longuette et répétitive. Les grosses scènes d'action de la première heure ne sont pas si extraordinaires (le trio Cap/Thor/Iron Man dans la forêt et l'attaque du Héliporteur) et se traînent finalement pour pas grand chose. Par contre, toute la deuxième moitié est excellemment rythmée, avec le climax de la bataille de New York toujours aussi jouissif. On se rend également compte que Marvel sous-traite un peu ses effets spéciaux, puisqu'il y a quelques signes de faiblesses et un côté purement budgétaire de certains plans. Ce qui rehausse et rend le film plus attachant, ce sont les dialogues et interactions entre les persos qui sont hilarants. Il y a énormément de répliques drôles et d'allusions culturelles, dites aux moments opportuns. C'est juste délirant, et c'est sur cette gestion des personnages qu'on peut surtout saluer Joss Whedon.
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• Critique du 29 avril 2012 :
Avant d'attaquer la critique à pleines dents, un léger préambule s'impose. Avengers (apparemment en France on a honte de nos traductions) est certainement le projet cinématographique le plus ambitieux de ces cinq dernières années. Débuté par la scène post-générique du spectaculaire premier Iron Man, il n'y eut alors de cesse d'y avoir de clins d'œil dans les adaptations Marvel qui ont suivi. Ce sont d'ailleurs les deux films Thor et Captain America qui ont réellement mis le feu aux poudres, puisque développés presqu'en parallèle, et sortis à quelques mois d'écarts pour poser les dernières bases des protagonistes principaux de Avengers.
Un an plus tard, nous y voilà. Et c'est Joss Whedon qui s'attèle à l'écriture du scénario, ainsi qu'à la réalisation et il semble que l'on n'aurait pas pu espérer un meilleur metteur en scène. Pourtant habitué du petit écran, il touche également sa bille en matière de comics et cela se ressent car le bonhomme réussit à conserver, dans ce film, toute l'essence des planches dessinées. Si l'on était dubitatif - de par les bandes-annonces et les dires de promotion de l'équipe du film - quant à l'importance donnée à chacun des héros, ces craintes s'envolent rapidement au visionnage. Ainsi, Black Widow et Hawkeye, qui apparaissaient plus comme soutiens voient leurs personnages approfondis et s'octroient un bon temps de présence. Même Maria Hill ou l'agent Coulson du S.H.I.E.L.D. se réservent plusieurs scènes à eux seuls. Loin d'être seulement un "Iron Man et ses potes", aucun parti pris n'est fait envers un des héros, et l'on est réellement en présence d'un film où l'identité de chacun des personnages est nécessaire à sa bonne cohésion.
Et pour rassembler tout ce beau monde, Whedon tape directement dans le scénario extrême des blockbusters, soit la destruction du monde. Commanditée par Loki, à qui est prêtée une armée d'extraterrestres (les Chitauris) par une entité mystérieuse, elle amène donc Nick Fury à riposter en faisant appel à ses meilleurs agents, mais aussi aux surhommes qu'il a sous la main. Un groupe de personnes aux caractères bien trempés qui amènent à quelques clash. Si vous rêviez de voir un affrontement entre Hulk et Thor, ou même ce dernier et Iron Man, Whedon l'a réalisé ! Par la suite, nos protagonistes comprennent leur devoir et s'unissent pour aller sauver le monde, ce qui offre quelques beaux combos sur le terrain. Pas de cri de ralliement "Avengers, rassemblement !" dans ce film, mais il sera certainement utilisé dès le second épisode.
À noter que la scène post-générique annonce du très très lourd pour le futur des évènements.
Joss Whedon a le coup de main et sait mettre en valeurs ses personnages. Ainsi, la première partie reste très confinée, avec essentiellement des scènes en intérieur tandis que la tension s'installe et s'articule autour de Loki. Il use essentiellement de gros plans et plans rapprochés, qui peuvent faire penser au côté série TV qu'il a dans ses racines, mais rien de bien dérangeant. On note par ailleurs quelques angles de vue de génie, comme celui pris lors de la confrontation Loki/Black Widow où l'on voit le reflet du Dieu s'étirer et se déformer sur le verre entre eux. Un autre où seulement les yeux lumineux d'Iron Man transpercent la fumée, ou bien Captain America capturé par le biais de la réflexion d'un rétroviseur sur le champ de bataille final. Sur cette seconde partie, davantage de plans larges et aériens sont réalisés, mais la caméra restent essentiellement proche des acteurs, ce qui garde le spectateur vraiment immergée au cœur des péripéties. Jonglant d'un héros à l'autre, de rue en rue, d'un pont au toit d'un immeuble, les travellings imposent un rythme dynamique et les scènes d'actions sont toujours bien foutues et lisibles, un régal !
Des séquences d'action qui seraient clairement moins spectaculaires sans la qualité impressionnante des effets spéciaux. Enfin, rien de révolutionnaire non plus, mais juste ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Et avec les compagnies déjà en charge sur les précédents films de chacun des persos (ILM, FuelVFX, HydraulX, entre autres), ainsi que Weta Digital qui a dû s'occuper personnellement de Hulk, le film n'a pas lésiné à mettre les moyens pour un résultat éblouissant. On sent l'appui des 220M$, qui reste pourtant un budget plus qu'honorable pour un tel casting et l'ampleur prise par le long-métrage. Grand moment à l'envolée de l'Helicarrier, bâtiment forteresse du S.H.I.E.L.D. retranscris à merveille. J'ai aussi trouvé le générique vraiment chouette (mais ça devient habituel ça), avec les 360° des objets emblématiques des persos.
Et si les personnages présentés dans Avengers se veulent aussi mémorables, c'est également grâce aux jeux des acteurs qui semblent s'être surpassés pour totalement s'imprégner de leurs alter ego cinématographiques. Scarlett Johansson, émotionnelle mais redoutable autrement. Jérémy Renner, impassible et concentré sur sa mission. Samuel L. Jackson reprend la figure emblématique de Nick Fury sans soucis. Tout comme Chris Evans qui se remet parfaitement dans les bottes du Captain patriotique, déterminé à faire son devoir de soldat. Chris Hemsworth, de son côté, garde sa prestance de dieu, tandis que Mark Ruffalo joue à merveille sur le côté renfermé. Sa reprise du flambeau en tant que Bruce Banner est une réussite, et la version de Hulk qui nous est présentée surpasse allègrement les deux films précédents, dommage qu'un long-métrage sur le personnage n'est pas prévu dans le futur. Puis Robert Downey Jr., incontournable tant sa représentation de l'égocentrique et indifférent Tony Stark est maîtrisée. C'est d'ailleurs par lui, sans surprise, que la majorité de l'humour est délivré, au travers de quelques répliques cultes (d'autres un peu moins), mais aussi de scènes assez gag-esques. Néanmoins, il n'est pas le seul sur la tâche et Hulk contribuera également à quelques éclats de rire, ainsi que Captain America, dont le costume est pris en dérision au sein même du film. Enfin, j'ai littéralement adoré Tom Hiddleston, qui m'avait déjà conquis par son interprétation de Loki dans Thor. Le méchant est souvent le personnage le plus difficile à rendre intéressant. Eh bien ici c'est gagné, Tom possède un certain charisme, et retranscrit divinement le côté machiavélique au travers d'expressions faciales subtiles et d'une implication forte. Toujours le petit sourire bien placé, le regard arrogant et une gestuelle sûre qui donnent totalement vie au personnage, qui n'est pas non plus exempt d'humour et d'émotions et évite le super-vilain à une facette.
Sur le plan musical, Alan Silvestri compose une bande sonore adéquate à cette union surhumaine, reprenant même les thèmes fun et Rock'n'Roll d'un Iron Man, majestueux et orchestraux d'un Thor, et patriotique et claironnant d'un Captain America, en les adaptant à l'envergure de Avengers. C'est loin d'être une bande-son que l'on s'écoutera à part, par contre, mais insérée dans le film elle rythme soigneusement les évènements, des scènes de tensions à celles d'action dévergondée. J'ai trouvé le tout bien en phase, et aucune maladresse ou exagération ne m'ont sauté aux oreilles.
[Critique 3D]
Tout, vraiment, est de haute volée dans ce film. À part un seul point : cette satanée conversion 3D qui vient tout simplement gâcher une bonne partie du plaisir, et je ne mâche pas mes mots. À savoir, avant d'être qualifié de "pigeon", que je n'ai aucunement eu le choix de la version à regarder, puisque les trois cinémas de ma ville ne diffusaient le film qu'en 3D. Un bon moyen de se remplir les poches au détriment des fans les plus ardents. Honteux.
Qu'en est-il de cette conversion ? Pendant la majorité de la première moitié du film, les scènes de nuits, ou assez obscures (base souterraine) sont légion et presque illisibles. Par exemple, je n'ai guère eu de plaisir à voir le trio de superhéros s'affronter dans la forêt tant la luminosité était faible et ne permettait clairement pas de définir pleinement les évènements. Même écueil que la virée à Jotunheim dans Thor l'an dernier en fait. Sauf qu'ici, c'était tellement répétitif que je n'avais même plus aucun espoir de passer un moment agréable.
Heureusement, cela s'est amélioré par la suite avec le champ de bataille en plein jour. Les séquences trop dynamiques sont malheureusement entachées par de nombreux effets de rémanence, et des flous incessants. L'armée Chitauri souffre également de cette dimension faussement ajoutée puisque l'incrustation de leurs vaisseaux dans le ciel perd en réalisme, et donne clairement une impression de collage. Rappelons également que, comme 90% des 3D ces dernières années, c'est sur la profondeur, l'effet "fenêtre ouverte" sur le film, qu'elle s'applique ; donc pas de jaillissements (même si quelques plans d'objets qui pointent vers le public - ce qui me rappelle une réplique indécente de Potts d'ailleurs).
Néanmoins, tout n'est pas mauvais dans cette 3D. Quelques bons effets dus au coup de main de maître de Whedon offrent de délicieuses perspectives, que ce soit une vue de cockpit, un plan de destruction pris via l'intérieur d'une voiture qui fait un tonneau, la structure imposante du Leviathan qui rappelle un Transformers 3, ou même la profondeur sidérale du portail interstellaire (surtout quand Iron Man, tout minuscule, se retrouve à proximité). Les ralentis sur les actions deviennent plus épiques (Hawkeye !) et les plans larges profitent également d'un bon rendu relief et d'une profondeur appréciable. Mais, hormis ces quelques points, l'expérience 3D est plus une plaie qu'une sublimation et je n'attends désormais que la sortie du Blu-Ray pour pouvoir profiter du film dans les meilleures conditions.
[Fin critique 3D]
En somme, excepté ce dernier point qui me fait tout de même regretter ma séance (mais dont je ne peux tenir compte pour le jugement de l'œuvre), Avengers est une adaptation des plus excellentes et travaillées, qui a su s'affranchir de sa contrepartie dessinée pour proposer une aventure inédite et cohérente, tout en respectant son matériau de base. Joss Whedon frappe un grand coup en offrant assurément le meilleur film Marvel à ce jour, et propulsant le cinéma de superhéros au stade supérieur. Une ascension qui ne risque pas de s'achever de si tôt puisque ce méta-univers ne va avoir de cesse de s'étayer jusqu'au prochain volet de cette équipe hors normes, dans le but d'amener à l'écran le méga crossover Civil War (les prémices sont d'ailleurs déjà en place).
