Perturbant

AVERTISSEMENT

La critique qui va suivre étant celle d'un film interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés, j'en déconseille fortement la lecture aux plus jeunes.

Il existe des films sur lesquels les avis sont partagés.

Babylon est dans ce cas.

Quel est le scénario?

En 1926 à Los Angeles, c'est l'âge d'or du cinéma muet.

Le film nous fait suivre les vies de plusieurs personnages en parallèle

-Manuel Torres surnommé Manny (Diego Calva), un immigré d'origine mexicaine voulant devenir réalisateur.

-Nellie LaRoy (Margot Robbie), une jeune femme un peu folle sans aucun sens des responsabilités rêvant de devenir actrice

-Lady Fay Zhu (Li Jun Li), une danseuse de cabaret ne cachant pas son homosexualité dans un contexte hostile

-Sidney Palmer (Jovan Adepo), un trompettiste noir dans un monde dominé par les blancs

et

-Jack Conrad (Brad Pitt), acteur-star des studios Kinecospe, alcoolique et coureur de jupons

Dès que la chance s'ouvre à eux, chacun tente de vivre de leurs arts dans le milieu du cinéma.

Malheureusement, l'arrivée du parlant et les goûts du grand public ne sont pas forcément en accord avec leurs passions.

En plus de montrer la descente aux Enfers des cinq personnages, le film nous montre que le monde du cinéma n'est pas fait de paillettes et de couleurs. En effet, dans un contexte où les syndicats des droits des acteurs n'existaient pas, ces derniers se retrouvent plongés dans des tournages chaotiques et dangereux.

Sans compter que, malgré le fait qu'on les force à faire des choses humiliantes pour leur permettre de gagner leurs croûtes, le grand public leur tourne le dos malgré tout.

S'il existe un film qu'on peut mettre en parallèle avec Babylon, c'est Chantons sous la pluie. En effet, les deux racontent l'arrivée du cinéma parlant sauf que là où la chose était traitée de manière comique dans le film de Stanley Donen, le sujet est traité de manière dramatique dans celui de Damien Chazelle.

Lina Lamont était ridiculisée de façon hilarante à cause de sa voix de crécelle? Nellie LaRoy est montrée comme une personne souffrant du jugement abject du public et du monde du cinéma qui la trouvent trop vulgaire.

Don LockWood fait tout pour se trouver une place dans le cinéma parlant bien qu'il ne semble pas fait pour ça? Jack Conrad ne trouve pas sa voie dans ce milieu et sombre dans une descente aux Enfers.

Le réalisateur R.F Simpson parvient à s'adapter aux goûts du public et à plaire à nouveau au grand public? Manny Torres se sent totalement étranger aux goûts du grand public et n'arrive pas à lui plaire à nouveau.

Cosmo Brown continue sa carrière de musicien dans ce milieu changeant? Sidney Palmer se retrouve prisonnier de ce milieu devenu hostile et sans principes à son égard.

Nous voici ainsi face à un réalisme malaisant montrant que plus on s'élève, plus dure sera la chute; et surtout, que les happy-ends où des personnages désespérés parviennent à remonter la pente grâce à leur volonté de fer n'existent pas.

On peut également y voir une mise en abîme habile du cinéma de notre monde ayant bien du mal à plaire au grand public ses goûts changeant de manière aléatoire au fil des années et tournant le dos à des acteurs dès que ceux-ci ont la malchance de se révéler ne pas être faits pour une industrie où leurs jeux d'acteurs ne plaisent plus au grand public et/ou que des producteurs les jugent trop incompétents pour face à la caméra.

Le tout mis en scène dans des scènes de débauche malaisantes où la drogue et l'alcool coulent à flots sans compter de longues scènes de sexe où l'on hurle et se salit en permanence.

Puisqu'on arrivons à ceci, parlons-en un peu plus. Ces scènes étant nombreuses, Babylon a été jugé comme un film pseudo-drammatique à la limite du porno. De ce fait, les gens l'ayant aimé, et/ou le réalisateur lui-même, auraient regardé ce film uniquement pour se la toucher sans passer pour des beaufs.

Il est vrai que lorsqu'on les regarde, on a un peu tendance à oublier les tragédies que vivent les personnages du film durant leurs parcours chaotiques et emplis de malchance.

D'autant plus que l'on nous impose également des scènes emplis de sadisme où des gens sont brutalisés et humiliés afin de gagner de l'argent pour survivre au prix de subir la cruauté humaine riant de la misère.

Si certains peuvent penser que cela ajoute des longueurs inutiles empêchant les spectateurs d'être en empathie avec ses personnages, pour d'autres, elles n'en seraient que la preuve de la corruption et la cruauté dominant le monde au point que ceux ayant un minimum de morale ne peuvent pas s'en sortir dans un monde d'ignobles brutes.

Les vrais reproches qu'on peut faire au films sont les suivants.

Certaines péripéties inutiles font que le récit manque parfois de fluidité et l'intrigue peut, par moments, stagner alors qu'on aurait pu se passer de certaines scènes inutiles.

Le personnage de Jack Conrad avec qui le film tente de nous mettre en empathie alors qu'il est odieux envers les femmes et pense que tout tourne autour de lui n'est pas du tout appréciable. Dommage pour ceux qui aiment Brad Pitt.

Ensuite, bien plus grave, le montage est tellement frénétique et empli de brutales successions très rapides d'images et de très flashs par secondes qu'il est scandaleux que Babylon n'ait pas été déconseillé aux épileptiques lors de sa sortie.

À vous de vous faire votre avis.

(si vous n'êtes pas épileptiques évidemment.)