Un claquement de doigts et la magie bavaroise opére

Au Bagdad café tout va mal. Situé dans l’Amérique profonde, l’Amérique de l’américain rustique et marginal, dans un désert aride et chaud, fouetté par le sable porté par le vent, il n’a rien du petit bistrot convivial dans lequel on voudrait faire une pause pour faire ses 17 gallons de plein et prendre un bon petit café pas trop serré. En plus c’est aussi bien rangé qu’un bazar turc et aussi propre que le métropolitain parisien. Jusqu’à ce que la bien en chair bavaroise Jasmine débarque de nulle part, à pied, saucissonnée et suante dans son accoutrement ras le corps.

Une intrigue simple, bien amenée qui va dans son déroulement me pousser au petit jeu de l’analogie.

Jasmine est Mimie Mathy. Le Bagdad café est tenu par une mère de famille séparée de son mari, bordélique, désagréable avec la clientèle car elle ne croit plus depuis longtemps en son affaire et ce aux dépens de sa famille.

A première vue, l’antagonisme entre l’allemande et la gérante ne présage rien de bon. Le réalisateur développe alors simplement – ne cherchez pas de géni dans la réalisation hein – la malhonnêteté et les crasses successives à l’encontre de Jasmine alors que celle-ci tente sans cesse d’arranger la situation, s’occupant des enfants, reconnaissant le talent d’un des fils au piano quand sa mère lui demande d’arrêter son bouquant. Finalement, celle-ci parvient à souder une famille hétérogène et même à l’intégrer. Les affaires s’en trouvent favorisées.

Jasmine est Gordon Ramsay. Bon en moins hargneuse certes mais c’est quand même elle qui va tout refaire au Bagdad café. En effet, elle use de sa joie de vivre et de ses traditions pour incruster le charme absent d’un taudis sans âme, sans personnalité. C’est finalement tous les routiers qui s’arrêtent dans le nouveau bar à la mode du coin, entamant des chants en trinquant.

Voilà, on a un peu l’impression de regarder un genre de show tv devant Bagdad café. Soit on apprécie et on sourit, soit on exècre et on s’ennuie devant ce petit morceau de vie en plein désert bercé par une BO faisant fi de la mauvaise ambiance initiale.
Deleuze
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le 2 août 2013

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