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Après la déception de Dark Shadows, j'ai décidé de me repencher sur les vieux films de Tim Burton, ceux qui ont fait sa gloire il y a plus de 20 ans. Quoi de mieux que de commencer par ce Batman, premier film vraiment "sérieux" de l'ami Tim après deux comédies ? Et même s'il on ne peut pas encore parler de chef-d'oeuvre au même titre que les deux films qui suivront, nulle doute que cette adaptation dispose de nombreuses qualités.

Avec le recul, je me rends compte que j'avais légèrement sous-estimé ce film. Peut-être ne correspondait-il pas à ce que j'attendais, peut-être étais-je encore trop influencé par la saga de Nolan. En tout cas, ce revisionnage m'a permis de mieux apprécié le Batman de Burton à sa juste valeur.

Le grand point fort du film ? Son ambiance. Dès le début faisant suite au traditionnel générique, Burton nous plonge dans sa version de Gotham, une ville sombre, poisseuse, gothique. Il y a constamment de la brume, les couleurs sont grisonnantes, l'image est sale, on comprend d'emblée dans quel genre d'endroit on est : une ville bouffée par la pègre et la corruption. On peut saluer le travail artistique impressionnant effectué sur le design de la ville, qui rappelle fortement Metropolis (la scène finale de l'église n'est-elle pas une référence directe au film de Lang ?). Bref, pendant tout le film on est plongé dans cette atmosphère sombre, qui colle mine de rien parfaitement à l'univers de l'homme chauve-souris.

En parlant du héros, il faut savoir qu'on le voit finalement assez peu, alors que le film porte son nom. La narration ne se concentre jamais entièrement sur Batman, il joue le plus souvent le rôle d'une ombre, agissant dans la nuit et veillant silencieusement sur la ville. On remarquera ainsi que Burton s'encombre peu des origines du personnage, se contentant d'un sommaire flashback sur l'évènement déclencheur, là ou Begins consacrait une bonne moitié de film à l'émergence du super-héros. En vérité, après la scène d'exposition obligatoire, on attendra un certain temps avant de revoir la chauve-souris. Celui qui se voit offrir un traitement de choix, c'est le Joker. Histérique et campé par un Nicholson au sommet de sa forme, le nemesis de Batman lui vole clairement la vedette, la scène de la transformation du personnage de Jack Napier est d'ailleurs centrale. Ce focus sur le vilain peut paraître étonnant mais après tout, les bad guys, plus que le héros, ont toujours été le point fort de la série. Le Batman de Keaton en lui-même est assez sombre : il n'hésite pas à tuer à plusieurs reprises, et son envie de vengeance envers le Joker ressort davantage que sa soif de justice. Globalement, le traitement des personnages est assez réussi, que ce soit dans le démonstratif avec le clown ou dans l'effacement avec l'homme chauve-souris. Michael Keaton colle d'ailleurs parfaitement à l'idée qu'on se fait du héros : discret, tourmenté, sans trop en faire. On peut regretter que les personnages secondaires soient beaucoup moins intéressants, notamment le personnage de Kim Basinger, qui est surtout là pour justifier une love story assez sommaire et dispensable.

Formellement, c'est impeccable. J'ai déjà parlé du design, mais il faut également souligner une très bonne mise en scène de Burton. Comme à son habitude, le réalisateur travaille davantage sur des plans fixes mais très esthétiques, qui mettent parfaitement en valeur l'univers visuel créé mais on a également quelques somptueux travellings à travers la ville. Saluons également les scènes d'action assez dynamiques et inventives, de même qu'une séquence aérienne impressionnante pour l'époque. Le tout magnifiquement habillé par l'excellente musique de Danny Elfman. Le thème principal à lui seul a de quoi marquer les oreilles, il sera d'ailleurs partiellement repris dans la série animée.

Malgré un côté résolument sombre et adulte, on reste dans un schéma de blockbuster assez classique : un héros contre un méchant, un gros climax, une happy end. Ça fonctionne justement grâce au soin apporté aux personnages et à la forme. Mais, gros film de studio oblige, Burton se cantonne à une démarche de divertissement pur. C'est tout à son honneur, c'est pour ça qu'on l'a engagé et il le fait très bien, allant même à imposer son Batman comme l'un des classiques du genre. Il faudra cependant attendre sa suite (et le passage d'un certain Edward) pour que le cinéaste donne à l'homme chauves-souris un traitement à la hauteur de ses obsessions.

Créée

le 10 juil. 2013

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Yayap

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