Qu'il fait bon de voir Zack Snyder embrasser de nouveau sa pâte esthétique, après un Man of Steel plastiquement impersonnel. Avec Batman V Superman, choc des titans et aube d'une nouvelle ère super-héroïque, le réalisateur enterre ses protagonistes dans la colère, la chute avant l'élévation, empoisonnant son film épique dans une ambre horrifique inattendue - la première apparition de l'Homme Chauve-Souris, par exemple, est tétanisante. Tandis que le caractère divin de l'Homme d'Acier s'ébranle, son ennemi juré se retrouve dans l'impasse avec un Jesse Eisenberg tout en surenchère, et Ben Affleck impose sans transcendance un Batman de pierre et de sang, détective enragé ; mais tous sont si timides face à "la" révélation Wonder Woman, icône démolissant sa ringardise passée en s'appropriant le charme, le cadre et même la musique. Le clash de ces monstres creuse malheureusement quelques profondes cratères éparses, croquis imposé d'un univers étendu, égratignant une première heure laborieuse et un dernier acte impressionnant mais étouffant. On espère alors quelques bouffées d'air dans les suppléments à venir... Préférant la promesse qu'une véritable épopée, Batman V Superman demeure une solide aventure, enfer de Dante aux grisantes visions de cauchemar, intense vision mythologique hôte de quelques surprises.
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