Passés le romantisme niais et l’érotisme pinku du premier tiers, Becoming Father invoque des archétypes que l’on croirait tout droit sortis d’un film de Shin’ya Tsukamoto. Les personnages sont dépossédés, en quête de vengeance sur la vie, animés par des pulsions destructrices et autodestructrices, passent leur temps à pleurer ou crier... L'hystérie est générale, les sentiments et la violence exacerbés ; le spectateur sort lessivé de ces interminables deux heures et neuf minutes qui semblent se répéter à l’infini.


Comme dans les films de son compatriote, cette névrose permanente est à la fois cathartique et pathétique : les personnages vomissent leur mal-être au monde sans se soucier des conséquences comme nous aimerions nous-mêmes le faire, mais leurs réactions outrancières suscitent le rejet. Si l’hystérie permet à Tsukamoto d’aboutir à une écriture pulsionnelle, la mise en scène de Becoming Father est bien plus terre-à-terre. Ce traitement réaliste prend souvent des accents comiques car il est en décalage avec le burlesque de certaines scènes, comme ce combat final ridicule où le protagoniste tente désespérément de frapper le sexe de son adversaire. La musique rock vient également accentuer quelques gags, les rendant encore plus bouffons.


Car derrière son héros risible, ce salaryman nerveux et faible, le film met en scène deux personnages à la détresse profonde : une femme enragée suite à un viol et un père désarmé face à la bestialité de son fils. L’humour grossier dépeint alors un monde où aucune beauté n’émane de la tristesse ou de la vengeance. Becoming Father est difficile à digérer, mais marque par son regard acerbe sur la médiocrité et le désespoir de l'Homme.


Site d'origine : Ciné-vrai

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le 10 août 2022

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