Le dispositif minimal peut surprendre ou agacer : quatre longs plans-séquences (un trajet en voiture, un repas, une déambulation dans un site historique, une chambre d'hôtel) et quelques courtes scènes de transition. Pourtant, il permet de se consacrer entièrement aux dialogues et aux échanges nourris entre Céline et Jesse. C'est donc une sorte de dissection de la relation complexe et mouvante d'un couple (en vacances en Grèce). Lui est préoccupé par le départ de son fils pour Chicago qui y rejoint une mère alcoolique et intransigeante et elle n'est pas prête à tout abandonner de sa vie en France (sa carrière notamment) pour partir aux États-Unis. Coécrits par la comédienne Julie Delpy, les dialogues révèlent la justesse d'un regard qui sait aussi être moqueur et embrasser les différents points de vue.

On retrouve ici la verve de Two Days in Paris et le rapport à la tribu (famille, amis) que la comédienne avait exploité dans Le Skylab. L'ironie mordante, la logorrhée où cohabitent un langage très crû et de nombreuses références culturelles, principalement littéraires, et le discours plus généralement analytique et égocentrique font bien sûr penser au monde de Woody Allen. Le film est nettement plus grave et moins léger qu'attendu. Il montre comment une relation peut basculer d'un moment à l'autre, comment les trajectoires en apparence parallèles peuvent soudain diverger et, du coup, laisser apparaitre un abime d'incompréhension qui peut conduire ai désastre. L'émotion affleure au cours d'un repas où une veuve parle du souvenir et de l'effacement inexorable et révoltant qui l'accompagne. Le duo formé par Julie Delpy et Ethan Hawke (qui a mis aussi la main à la pâte pour l'écriture) fonctionne très bien et l'actrice française demeure à ce jour celle qui parle le mieux l'américain. Beaucoup de charme, mais aussi de la profondeur et de la lucidité qui ne manqueront pas de rejaillir dans le cœur de chaque spectateur.
PatrickBraganti
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le 29 juin 2013

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