Après un gros morceau avec « Mort sur le Nil », Kenneth Branagh revient à un cinéma plus intimiste, confidentiel et, surtout, plus séduisant. Non pas que j'ai détesté, loin de là, l'une des plus célèbres enquêtes d'Hercule Poirot, mais il est vrai que ce retour en enfance, fortement autobiographique, a de quoi toucher. D'abord, le choix du noir et blanc (que c'est bon d'en avoir un de temps à autre dans les salles obscures) : loin d'être un simple gadget, beau, ample, élégant, il apporte une atmosphère, un charme, une touche supplémentaire à cette mini-fresque volontiers mélancolique et à certains égards nostalgique (jolie idée que ces touches de couleurs uniquement à travers la télévision).

On sent que l'acteur-réalisateur cherche absolument à émouvoir, y parvenant de temps à autre, à défaut de trouver l'ampleur qu'il semblait chercher. Au-delà des violents conflits religieux, il rend bien, en revanche, la dimension universelle d'une histoire où tout le monde peut se retrouver, sentant (logiquement) le vécu, où tranches de vie et dilemme complexe (partir ? Rester?) s'entrecroisent harmonieusement. Si certains aspects auraient mérité d'être plus développés, Branagh dispose d'un autre atout important : son casting. Tous impeccables, j'en distingue toutefois quatre : Ciaran Hinds, Lara McDonnell, l'épatant Jude Hill (tout est tellement plus simple quand les enfants jouent bien) et la magnifique Caitriona Balfe, d'une élégance rare et dont chaque apparition est quasiment un poème.

Quelles belles scènes, notamment celles directement liées à l'enfance, où il est quasiment impossible de ne pas se retrouver à travers les échanges entre Buddy et Moira. Il manque de quelque chose : d'intensité, de ferveur, l'auteur de « Thor » n'ayant pas le talent narratif des plus grands. Mais il est tout sauf interdit de se plonger dans ce « Belfast » pas aussi grand qu'il n'aimerait, mais suffisamment « armé » (surtout si, comme moi, vous aimez les plans-séquences!) pour que nous enchaînions un second Kenneth Branagh en trois semaines.

Caine78
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le 27 août 2022

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