Par les producteurs de Mortal Kombat

Tiré d'une légende anglo-saxonne, Beowulf en est une adaptation plus ou moins fidèle. Il se trouve aussi que c'est un très mauvais film. Délibérément orienté action (comme on l'entend dans ce beau langage contemporain, où « action », naturellement, suppose – autre écueil de ce même langage – « pas de prise de tête »), on trouve rapidement un prétexte pour une scène de combat : aussi bien aucun. Et c'est un miracle si vous voulez. Comme sur le portique de l'Académie, on est averti immédiatement : « nul n'entre ici s'il a du goût » ! C'est que l'on est aussitôt frappé de stupeur : la scène engagée, soudain la musique lui apporte son concours, sorte d'agression technoïde pour débiles congénitaux.
Et c'est là que le film soulève sa principale question, son dilemme. Qui est le plus heureux, devant une telle production des sourds ou des aveugles ? J'imagine qu'il existe une variété d'individus dont je ne fais pas partie, suffisamment enclins à patauger dans la bouse, excellant à séparer le très mauvais grain de l'ivraie, y parvenant sans doute, et par conséquent apte à résoudre ce dilemme. J'y ai renoncé. Il existe une certaine hauteur à partir de laquelle les médiocrités se confondent.
J'ai vu ce film en salle, à sa sortie. Je n'ai pas à m'étendre sur les causes de cette circonstance, j'ai ma pudeur. Disons simplement que le désarroi et le désœuvrement trouvent les ressources suffisantes pour occasionner pires méfaits – la production de tels films, par exemple.
Toujours est-il que j'ai vu ce film en salle, et que je ne me suis jamais autorisé à sortir d'une salle avant la fin. Petite bourgeoisie qui consiste à ne pas gaspiller ce que l'on a chèrement payé. Eh bien je me suis vu, véritablement, vieillir d'une heure et demie. On pense bien à d'autres choses, on a des échappatoires, on n'est pas des bêtes. Mais ce son, là, comment vous expliquer ? C'est bruyant, ça vous ramène constamment à l'écran, c'est une souffrance, quoi !
Pourtant, l'affiche ne cachait rien. Dans une débauche de sincérité ou dans une intention surréaliste de prosélytisme, on nous annonçait, on nous prévenait, on nous mettait en garde : « par les producteurs de Mortal Kombat ».
Tout avait déjà été dit.
reno
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le 14 juin 2011

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reno

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