"Etre une femme c'est être une victime (...) Je vous ennuie ?"

L'occasion de revoir ce petit chef d'oeuvre de la Comédie Humaine de Simenon-Chabrol, et d'une cruelle actualité en 2021.


Betty, c'est Marie Trintignant, avec onze années d'avance sur le drame qui la touchât.


Betty rencontre Laure au Trou . Betty, comme elle se fait appeler est un diminutif. Betty est diminuée par le discours l'autre, diminuée parce qu'on l'achète, qu'elle n'est que réifiée.
Betty a perdu son père, père toujours présent, père maternant source de vie, sans doute l'être au monde qui la tient le mieux.
Betty c'est le désir, désir de Thérèse, mais aussi de la scène primitive devant la "saillie", témoin de Thérèse souffrant sous son oncle, intimée par lui de se taire ; c'est une mère maltraitante ; c'est Schwarz, le clinicien-prédicateur, qui vit dans ses diagnostics, pas nécessairement faux d'ailleurs, mais versés dans la coupe avec tellement de violence, Freud Merci, il est dermato...


Betty est un film en flash-back dont l'ordre, ou plutôt le désordre, donne la lecture que Betty fait de tout cela. Pourtant elle avait prévenu, elle ne voulait pas se marier, pas se faire juger, elle n'a pris personne par surprise, on a fait semblant d'effacer son ardoise pour mieux la lui rejeter en pleine face, en plein coeur. Une série de trauma ne lui ont pas permis de trouver d'autre moyen de survivre.


Les "pesanteurs sociales" sont dans le "Trou", dans une fuite dans l'alcool. Le discours de Betty est celui de toutes ces femmes violentées en paroles et en actes.
Ce titre graphé comme une signature d'un pseudo, d'un diminutif, cette être sans nom qu'est Betty finalement libre.
Betty est aussi l'autre face de Laure. Ce sera l'une ou l'autre...


...et cette fois, Betty a vaincu.


Et puis revoir tout en un Marie Trintignant, Stéphane Audran et Jean-François Garreaud sous la baguette de Claude Chabrol ne pouvait qu'être un grand bonheur, même s'il est un peu amer.


On notera l'ironie, prédictive elle aussi, du générique de fin : le visage souriant de Marie Trintignant sur la voix de Michel Jonasz (Je voulais te dire que je t'attends).


Avoir ou revoir et re-revoir. Belle séance !

Créée

le 19 févr. 2021

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Agyness-Bowie

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