Big John
7.3
Big John

Documentaire de Julien Dunand (2006)

Plus encore qu'un entretien palpitant avec un réalisateur plutôt malin, il s'agit là d'une déconstruction du schéma de la réussite à l'américaine. Voilà un homme qui a fait carrière et à qui l'on doit un certain nombre de films plutôt modestes qui ont fait date dans un certain genre et qui ont trouvé leur public. C'est plus que bien des faiseurs, non dénués de talent, qui végètent et ne parviennent pas à faire connaître leur production. C'est John Carpenter, quand même. John "The Thing" Carpenter. Le John Carpenter dont j'ai découvert le cinéma quand je lisais l'Ecran Fantastique ado. Qui faisait des films pleins de testostérone, un peu benêts par certains côtés mais festifs, parfaits pour les ados, même si ma mère a trouvé plus opportun de m'acheter un billet pour Carmen le jour où je voulais voir New York 1997 avec mes copains de classe. Finalement, elle a bien fait, j'ai adoré Carmen, contre toute attente, et ai été très déçue de découvrir les aventures de Snake à la télé dix ans plus tard. Mais bref, Ze John Carpenter à qui les "nerds" de France ont toujours voué un culte. Eh bien on découvre ici qu'il en a bavé des ronds de chapeau pour défendre son cinéma, qu'il lui a fallu batailler sans fin contre les studios, cachetonner pour gagner sa vie, et qu'il se retrouve, à la fin, plutôt éreinté, même s'il ne renie aucun de ses films. A moment donné, quand même, quelqu'un interroge le modèle économique et culturel américain : pourquoi donc ces grands benêts ne conçoivent-ils la réussite que lorsqu'une production est sanctionnée par un succès commercial planétaire ? Comment se fait-il que le dollar soit l'unique étalon de la production artistique ? Ça pose question, quand même. Surtout à l'heure où ce modèle créaticide s'exporte si bien, tout insensé qu'il soit. A moment donné, on devrait vraiment s'asseoir deux secondes et analyser ce qui nous arrive d'outre-Atlantique. Ce qui relègue un type aussi créatif que Carpenter, qui signait également les musiques de ses films, sur un strapontin. Et pourtant, je ne suis pas la plus grande fan de ses histoires, et ce sont celles qui lui ressemblent le moins qui m'ont le plus plu, notamment Starman, le film qu'il considère comme un film de filles... Bref, je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il raconte, mais je continue à croire qu'il faut défendre becs et ongles tous les créateurs authentiques et leur laisser la place qu'ils méritent dans la diffusion de leurs œuvres.

Créée

le 11 juin 2021

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