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Sexy, creux, fou, fascinant : Bikini Bandits ne fait pas dans la dentelle

Des femmes en bikini, des flingues, des grosses voitures américaines, Bikini Bandits Experience pourrait être un hommage aux films de sexploitation de Russ Meyer, qui aimait tant cette formule.


Mais le métrage semble plus être un mash-up foutraque d’un esprit, d’une génération, celle des années 1990 et 2000, un rot mal digéré, un doigt d’honneur juvénile. Une provocation adolescente et stupide qui aurait eu sa place sur MTV.


Les informations manquent, la seule page Wikipedia est française (cocorico) et espagnole (si si), il n’y a pas grand-chose sur IMDB, et leur site officiel est à l’arrêt. Le film aurait été précédé de vidéos sur Internet, avant d’être diffusé à la télévision et en DVD.


Il serait bien hasardeux de résumer l’histoire, puisque celle-ci se divise en plusieurs épisodes, sans grands liens entre eux, la seule constance étant ces Bikini Bandits, de jeunes femmes peu vêtues, vindicatives et armées, qui ne se laissent pas marcher sur les talons. Des strip-teaseuses embauchées pour l’occasion, sans grandes compétences de comédiennes, mais avec les corps demandés. Mis à part celle qui semble la chef, aucune n’a vraiment de personnalité, encore moins d’historique, ni même de noms. Ce sont des vilaines filles en bikini, avec des flingues, point, mais qui ont le contrôle de leur vie, et ne seront pas des bonniches de foyers.


Ces épisodes représentent plusieurs tranches de leurs escapades et de leurs aventures, dont la première ne sera rien de moins que de sortir de l’Enfer à la condition de dévergonder la Vierge Marie, de prendre un peu de repos dans une communauté Amish, de remonter dans le temps à l’époque des Pères fondateurs ou de sauver des handicapés mentaux d’une exploitation sexuelle par un vilain producteur X, avec des ninjas. Le tout avec un Diable équipé d’un gode géant qui tire des lasers, des ninjas, et d’autres idées légères et immatures, présentées avec le sourire.


Bikini Bandit Experience est donc un patchwork de situations grossières et farfelues, exploitées avec légèreté. Et comme si cela ne suffisait pas, pour justifier encore plus l’Expérience de son titre, au sein ou entre les épisodes, le métrage intègre des jingles d’une fausse chaîne de supermarchés (« fuck you G-Mart » sera une phrase répétée), des parodies d’émissions de fitness, une fausse bande-annonce, des intervalles animés très classes ou des faux-extraits à la Jackass. BBE est une blague, une sale blague pour certains, qui assume complètement sa bêtise et son côté foutraque. Des extraits réguliers (mal) animés servent de discussion entre le réalisateur et le monteur, d’autres passages depuis les coulisses démontrent que le film ne cherche pas à convaincre de son statut fictionnel. Mais il tente aussi d’entretenir un flou, à l’image de certaines séquences qui se veulent réelles, dont on ne sait à quelle point elles sont arrangées.


Un coup d’oeil au générique laisse entrevoir quelques affinités, Bam Marguera et Ryan Dunn, compères de Jackass, font partie des figurants (mais bien planqués), tandis que Seth Meistermann, à la direction artistique, a aussi participé à la série. Et on retrouve bien cet esprit crétin, sardonique, de cette jeunesse alors sans conscience politique, plus occupée à faire l’andouille que renverser les barrières, à l’image des programmes de la MTV de cette époque. La bande-son est du même tonneau percé, rock, provocatrice, qui sent la sueur et la bière.


Quelques célébrités sont invités à cette grande farce, là aussi révélatrices d’un certain état d’esprit, avec les musiciens rock, métal ou punk Maynard James Keynan, Jello Biafra et le vétéran Dee Dee Ramone, grimés en producteur X véreux, en Satan libidineux ou en Pape défroqué. On y trouve aussi Hank the Angry Drunken Dwarf, nain régulier de la célèbre émission sarcastique d’Howard Stern qui faisait fureur à l’époque mais aussi Corey Feldman. L’enfant star des Goonies ou de Stand by Me est alors plus connu pour ses frasques que pour sa carrière, mais de là à le voir apparaître dans un tel projet fantasque et décadent, c’est une surprise, et pourtant il semble s’en amuser avec désinvolture.


D’ailleurs, dans sa réalisation et son montage, Bikini Bandits Experience s’apparente à un grand clip, la bande-son est omniprésente, les images défilent à un rythme cocaïné, reprenant certains clichés de ce genre de productions. A l’image des jeunes filles qui se trémoussent autour de grosses voitures américaines, mais aussi de tous les effets possibles utilisés, entre la superposition d’images, différents plans dans une même scène, des ralentis, des des accélérés, et tout le tralala. Le métrage est surexcité, toujours prêt à s’enflammer. Et pourtant le corps humain s’y habitue, certes difficilement, mais un simple clignement de yeux, un regard distrait ailleurs quelques minutes, et le retour au rythme effréné du film est brutal.


Bikini Bandits tourne-t-il à vide ? Oh oui. Mais c’est aussi ce vide qui est fascinant. Son érotisme en petites tenues et en jeunes femmes qui se pelotent ou caressent quelques belles mécaniques n’est pas des plus raffinés, c’est certain. Et son humour est tellement bas du front et provocateur qu’il en offusquera d’autres. Les sous-entendus sexuels ont la grâce d’un routier qui n’aurait plus de data le soir, les sous-entendus homo appartiennent à une autre époque, il faut oser intégrer des handicapés mentaux à son propos, mais il y a des répliques qui frappent, des scènes qui tabassent. Que la principale crainte des Bikini Bandits soit de devenir des lesbiennes féministes hippies politiquement correctes, texto ou quasiment, c’est tellement gros que c’est difficile de ne pas pouffer.


Heureusement pour notre santé mentale, Bikini Bandits Experience ne dure même pas 1h. Mais sur le DVD la galette est remplie à craquer de bonus qui n’élèveront guère le niveau, et tant mieux. Dommage par contre que certains ajouts et même la bande-annonce soient de meilleure qualité que le film, curieuse blague, avec sa résolution qui manque de netteté et des couleurs un peu baveuses.


Une heure qui pourra sembler interminable, ou qui dans son raffut d’image et de sons ne montrera pas tout, pas assez. Un autre visionnage ne serait pas de trop, pour regoûter à la folie des Bikini Bandits, à cette relique d’un état d’esprit qui semble déjà loin. A ce petit doigt d’honneur provocateur et à cette sensualité pas très érotique. A ce patchwork grossier et cinglé.


Et qui aura pourtant droit à sa suite en 2004. Ou presque.

SimplySmackkk
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le 13 nov. 2021

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SimplySmackkk

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