Le film dure deux heures ; plus, ce serait difficilement supportable. C'est vrai que le dernier opus de Jean-Stephane Sauvaire frise la dramatisation excessive et qu'une séquence, au moins, est franchement pénible à regarder, celle qui donne son titre au film : Black Flies (Les mouches noires).
Il reste qu'on suit avec beaucoup d'intérêt le quotidien des membres du service médical new-yorkais équivalent du SAMU, plus précisément celui, parce qu'ils vont faire équipe dans la même ambulance, de deux hommes de ce service : l'un "paramedic" de métier et vieux briscard de la fonction (joué par Sean Penn), l'autre débutant et qui fait ça en préparant l'exam d'entrée à la Première Année de Médecine (et c'est Tye Sheridan qui le personnifie).
La première séquence est haletante, bien jouée et habilement mise en scène. Ensuite, on a un passage en revue de beaucoup de cas de figure, parmi les plus glauques ou dramatiques auxquels ces ambulanciers infirmiers urgentistes (ou "paramedics") peuvent être confrontés à Brooklyn (New York City).
C'est bien mis en scène, bien joué, bien photographié (souvent en plans très serrés), adroitement et efficacement monté (vraiment très travaillé, le montage !). La bande-son participe à la dramatisation de l'ensemble, à l'espèce de matraquage émotionnel, visuel (passage de l'ombre la plus dense à la lumière la plus crue, ou du noir au rouge, façon Gaspard Noé, dont le réalisateur de Black Flies subit clairement l'influence... plus que celle de Scorsese) et donc sonore (hurlements des sirènes aggravés des stridences de la bande son, invectives et insultes que subissent les infirmiers urgentistes venus au secours d'épaves humaines et autres accidentés de la vie) du spectateur qui se dit assez vite que ce New-York là est un enfer et qu'il faudrait le payer cher pour qu'il accepte d'y vivre.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre que les deux "paramedics", le vieux et le jeune, se font tellement bouffer par leur vie professionnelle que leur vie privée en pâtit. L'un et l'autre se font définitivement larguer : Rutkovsky (Sean Penn) par son ex. avec qui il a pourtant une petite fille, et Ollie Cross (Tye Sheridan) par sa copine de baise qui prenait peur de lui et de son état de surexcitation nerveuse consécutif à ses heures de service.
Ne comptez pas sur moi pour vous dire comment tout cela finit... sauf que, musicalement, c'est sur le Prélude de L'Or du Rhin de Wagner. Ce qui permet de décompresser (et on en a bien besoin, après avoir vécu la frénésie quotidienne de ce duo chargé de secourir la misère du monde) tout en embrayant sur l'espérance d'un monde moins frustrant que celui initialement découvert.
Conclusion. Un film "too much" ? Du moins, on ne s'y ennuie pas. Et quand défile le générique final, on a le sentiment d'avoir fait un éprouvant voyage au bout de la nuit new-yorkaise et d'en avoir retiré quelques enseignements. Cela, en bonne partie grâce à Tye Sheridan et Sean Penn qui réussissent à nous faire croire à leurs personnages et à ce qu'ils affrontent.