Black Mass of the Nazi Sex Wizard
4.9
Black Mass of the Nazi Sex Wizard

Film DTV (direct-to-video) de Lucifer Valentine (2015)

Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne critique pas ici, qu'un seul film, mais plutôt la "saga" entière de Lucifer Valentine (quel nom !)


Alors, cette saga, qu'est Vomit Gore est assez connue, dans le milieu du cinéma underground et extrême. Cette saga dépeint la descente aux enfers d'une femme, nommée Angela Aberdeen, qui est stripteaseuse, mais qui se prostitue aussi, tout en étant boulimique et dépressive, à tout cela s'ajoute le fait qu'elle est hantée par des visions et hallucinations sataniques.


Ce sont des films, que l'on ne peut que difficilement apprécier, l'image est amateure, le son est agressif et la narration est inexistante, de plus, le peu de dialogues auxquels nous avons droit ressemblent juste aux paroles de clichés d'adolescents emo - gothiques, du genre : "I love it when you beat me up, I like it when you rape me, because it feels good because I know that you care about me as your doing it because that's what you like and you still like me". Bon, ça fait vraiment chanson d'adolescent cliché gothique, comme ce fut la mode, un certain temps (révolu je l'espère). Mais bon, encore ce côté adolescent pseudo - dépressif etc... etc... semble justifié par l'âge du personnage principal, 19 ans.


Voilà, donc, comme je l'écrivais juste avant, ce n'est pas du "cinéma" agréable sur la forme, après, le fond est quasi - inexistant, donc là, non plus, ce n'est pas une expérience agréable en quoi que ce soit, dans le sens, où lorsque l'on se retrouve face à ça, que l'on cherche quelque chose à quoi se raccrocher, on est perdu, totalement inapte à pouvoir trouver des points positifs à ces métrages.
Le film ne présente qu'une surenchère (et le mot est vraiment adéquat), de violence, de paraphilies, de gore et de vulgarité. À moins de ne chercher à voir ces films, juste pour contempler de la gratuité des abjections montrées, pour les connaissances cinéphiliques, pour se moquer entre amis (bien avertis, quand même) ou plus simplement pour soulager ses perversions devant la projection de celles du film, cela ne sert à rien de les voir.


Mais au delà de la totale gratuité, de cette dépravation couchée sur 4h39 de films (la quadrilogie au total) y a - t - il quelque chose ? Un aspect positif ou qui justifie l'illusion que se donnent les participants des films à les appeler "artistic collaboration between friends" ou encore prétendre " This is a conceptual, metaphorical movie" .


Les films présentent des avertissements avant de débuter, y compris le documentaire Black Metal Veins du même réalisateur, qui précisent que tous les participants aux films sont consentants et qu'il n'y a ici aucune volonté à perpétuer la violence, précisant que si la personne qui s'apprête à voir le film (qui va suivre) a des problèmes mentaux, des tendances suicidaires ou envisage l'homicide, qu'il ne vaut mieux pas qu'elle le continue. Et, je crois que parmi tous les films Extrêmes et Underground que j'ai vu, seuls ceux de Valentine présentent un avertissement bienveillant, avant de débuter. Et dans Black Metal Veins le fait que le réalisateur précise, qu'il souhaite plus montrer les dommages de la drogue plutôt que la promouvoir, en renvoyant aux spectateurs un sentiment de dégoût (parce que c'est le but du Cinéma Underground/ Extrême/ Trash/ Horrifique, choquer et dégoûter pour dissuader ou/et favoriser un avis critique sur le sujet traité) peut m'aider à penser, que ce même réalisateur n'est pas aussi perdu que cette saga semble le prouver.


En effet, avec cette saga, Lucifer Valentine, ne donne rien d'autre que la gratuité d'une ignominie toujours plus grandissante au fur et à mesure que les volets se succèdent. Il n'y a pas de réelle narration, et l'histoire est confuse, le reproche que j'ai le plus lu à l'égard de cette saga est le fait qu'elle ne contient aucun message et qu'elle n'est rien d'autre qu'un néant philosophique.
Et c'est à partir d'ici, que je vais donner du sens au travail de Lucifer Valentine sur cette saga :
Si je devais trouver un réalisateur équivalent à Lucifer Valentine, je dirais sans aucune hésitation Harmony Korine, Lucifer Valentine est le Harmony Korine du cinéma underground.
Tous les deux se refusent à la narration et à l'idée qu'un film doit délivrer un message, et je vais citer Korine à ce propos : " Non, je n'aime pas les messages dans mes films. Je n'aime pas les messages de manière générale. Donc pourquoi j'en mettrais dans mes films ? Je veux juste d'un film qu'il soit marrant, de vivre une expérience. J'espère que mes films n'ont pas de sens. " ou encore "Puis j'écris des scénarios sur du papier toilette. Car je me fous complètement du scénario, donc c'est le meilleur endroit pour les écrire."
Pour ceux, qui connaissent la filmographie d'Harmony Korine et qui ont vu Trash Humpers et Gummo on comprend totalement le fait qu'il n'y a aucune volonté à délivrer un message et/ou à vouloir établir une quelconque narration, Harmony Korine parle lui - même du fait qu' : " Il y a un facteur physique, tu ressens quelque chose. Il n'y a rien de didactique, il n'y a pas de message, c'est une étrangeté qui vous traverse." (en parlant de la syntaxe d'un film).
En ce sens, Harmony Korine et Lucifer Valentine, ont la même façon de concevoir leurs films. En effet, autant sur le fond (?), le scénario/l'histoire et la forme, ce côté films punk, avec des jump cut, une caméra absolument instable, aucun éclairage léché, une image rarement cadrée de sorte à livrer un aspect agréable au rendu.
En même temps, ce ne sont pas des films fait avec de réels budgets, non plus. Cela permet aussi de justifier ce style, mais ce qui montre une volonté d'avoir un rendu vraiment sale est le fait d'observer que même dans le montage, il y a une volonté d'inconfort pour le spectateur, que les plans au lieu d'avoir une qualité médiocre et de pouvoir être stables ou simplement fixes pour être visibles sont parfaitement instables, voir illisibles pour certains. Et cela manifeste une réelle volonté de réalisation à supprimer un quelconque confort cinématographique.
Donc la forme et le fond sont liés, l'histoire est sale, incompréhensible, voir vide, et l'image est désaxée, en mauvaise qualité, instable.
Le seul travail technique, qui reste professionnel, est le son, il y a même un côté Twin Peaks dans l'utilisation de sons "reverse", donc passés à l'envers, et tout comme David Lynch, il me semble que Lucifer Valentine s'occupe personnellement du sound design (ce n'est pas précisé dans la saga, mais il s'occupe du sound design de son documentaire, donc on peut en déduire qu'ici aussi il s'en charge). Même si le son peut s'avérer agressif à certains moments, il est l'aspect des films ( et surtout du quatrième opus), le plus intéressant, car il permet au spectateur d'entrer dans cet espace mental totalement hallucinatoire, irréel et créé l'atmosphère de l'enfer (que dépeint Lucifer Valentine).
Nous pouvons aussi parler des personnes qui interprètent les personnages des films, et surtout les "actrices" qui interprètent le personnage d'Angela Aberdeen, qui finit par incarner l'état d'esprit de la souffrance et de la démence relayée à toutes celles qui se retrouvent dans cette situation, devenant donc Angela Aberdeen, lorsqu'elles traversent l'enfer. Donc ces "actrices" ne sont pas des "actrices" nous ne pouvons pas parler d'actrice, le terme à employer les concernant serait plutôt "performeuses" car elles dégradent leurs corps au service du film dans lequel elles jouent (par exemple, je suis toujours effaré que l'une d'entre elles se soit gravée une croix gammée sur la jambe, parce que la cicatrice reste et que, si la personne qui se fait ça, ne compatit pas avec l'idéologie nazi, ça reste assez problématique et gênant). En effet, certaines performances persisteront au delà du tournage et accompagneront donc les femmes qui incarnent les personnages dans leurs vies intimes. Après, jusqu'où peut aller un acteur/ une actrice, c'est une notion extrêmement floue, avec laquelle beaucoup de cinéastes (même mainstream) jouent et ont joués.


Malgré, la surenchère abondante de violence, qui par son omniprésence en étouffe les thèmes (possibles) du film, j'ai relevé quelques aspects thématiques présents au sein de cette saga.
À plusieurs reprises dans les films, il est fait référence à la notion de la célébrité, comme dans le dernier opus : "I'm a Movie Star Master" avec des inserts de Miss sur les podium mise en relation avec le suicide du personnage principal, ou encore, la comparaison entre le suicide d'une prostituée méconnue qui se passe le même jour que celui d'une star, Kurt Cobain, qui pour le coup, ne passe pas inaperçu, puisque des personnes écrivent sur des murs etc... pour lui rendre hommages (à Kurt Cobain).
Il y a du coup, une sorte de critique indirecte et omniprésente, et si ce n'est une critique c'est en tout cas un constat sur la société qui ne met aucunement en avant l'égalité entre les Êtres, qui appartenant à une condition sociale plus médiocre sont anonymes et n'ont aucun moyen d'échapper à la dépravation, subissant des problèmes comme la dépression, devant se prostituer ou encore subir la domination sexuelle d'autrui, n'étant plus que l’objectivation du désir des autres (clients, jumelles maléfiques, homme émétophile).
La haine de soi est aussi un élément ultra présent et c'est ce qui justifie le fait que les femmes souffrantes finissent par se laisser faire et acceptent la perversité (et de se soumettre), parce qu'elles arrivent à un tel stade de dégoût à leurs propres égards, qu'elles n'attendent même plus d'être sauvées, finissant même par prendre du plaisir à leurs propres destructions.


J'ai tout de même réussi à préféré le quatrième volet, car, j'y ai trouvé, déjà plus de professionnalisme, mais surtout un soupçon de poésie à la fin, notamment lors de la prononciation des dernières paroles de la protagoniste qui finit par se suicider, cela marié à l'atmosphère instaurée sur tout le film (notamment grâce au travail sur le son, même, si pendant les 3/4 du film, les mêmes trois notes sont jouées en boucle, cela permet de vraiment enfermer le spectateur dans cet enfer, et c'est assez intéressant, sur le point de vu cinématographique).


Donc voilà, je pense que Lucifer Valentine a voulu mettre en scène l'enfer, sous une forme d'expérience psychologique subjective, ce qui est assez unique en soi, mais l'enfer est censé être une chose que l'on ne peut aimer, et ses films en sont donc une représentation parfaite, car, on ne peut les aimer non plus.

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le 20 nov. 2017

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