Dès aujourd'hui, vous rêverez de licornes

Inspiré librement du roman « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » écrit par Philip K. Dick, Blade Runner voit Harrison Ford en ancien flic reprendre du service pour traquer un groupe d’androïdes dans un Los Angeles futuriste pluvieux et sombre. Réalisé par Ridley Scott, ce film au statut de film culte, considéré comme un film majeur de l’histoire du cinéma, ne vous laissera pas indifférents. Fans de science fiction ou non, cette expérience est à vivre une fois dans votre vie.


Poésie futuriste


Gigantesque, impressionnant, magnifique, fantastique, ce sont les mots qui viennent dès les premières secondes de cette véritable immersion dans un futur où Il fait un temps de breton. Bienvenue dans le Los Angeles de 2019. Gratte-ciel immenses, illuminés par des tonnes de panneaux publicitaires au néon, engins volants hyper stylés se déplaçant entre les immeubles sous une pluie ne semble jamais s’arrêter.


Dans son film Ridley Scott détaille cet univers si particulier, préparant les spectateurs à vivre quelque chose de différent cinématographiquement parlant. Sombre, intense, bien construit, chaque plan est superbe. Rues sinistres, crasseuses et froides, ce Los Angeles futuriste uniquement éclairé par des néons, phares des voitures, et quand la nuit commence à tomber, par la lumière crépusculaire du soleil, est surplombé par une pyramide où vit Eldon Tyrell, le créateur des réplicants. Oui, pour son film, Ridley Scott fait dans l’originalité, n'utilise que néons, spots, lampes comme sources lumineuses. Avec ça, Blade Runner : premier ballet de lumières. Disney n’a qu’à bien se tenir ! L’architecture avec ces immeubles datant de tous les âges ne nous donne pas vraiment la sensation d’être à Los Angeles. En tout cas pas celui que l’on connait. Dans Blade Runner, le Los Angeles de Ridley Scott s’apparente à un mix entre Tokyo, New York, Los Angeles, Chicago, Hong Kong ou bien encore Londres.


Cette ville où l’on voit parfaitement, les tuyaux, la fumée sortir des conduits d’aération installés à l’extérieur des façades et quelques rafistolages grossiers sur certains immeubles. On n’y va pas par quatre chemins : c’est détaillé comme jamais, beau à vous coller des frissons au point de vous donner envie de scruter, fouiller les décors, imaginer le rôle de tel ou tel accessoire. Tout comme un certain Alien, Blade Runner, c’est un véritable choc visuel sublimé par une musique à couper le souffle illustrant le futur grâce à ses morceaux au synthétiseur. L’atmosphère régnant dans Blade Runner est sordide, quelque peu glauque, montrant la pauvreté et ce que pourrait être la vie en 2019 (la technologie High Tech et les voitures volantes en moins).


Loin du cinquième élément, Minority Report, I Robot ou Retour vers le futur, la technologie dans Blade Runner se veut crédible, plausible où certains éléments de notre quotidien sont associés à quelques outils High Tech. Quant au style vestimentaire des humains et réplicants, il s’apparente au style d’aujourd’hui, avec quelques éléments futuristes (lunettes par exemple). Ca reste assez cyberpunk, mais c’est « possible ». A la fois familier et dépaysant, autre chose saute aux yeux dans le monde de Blade Runner : c’est surpeuplé, mélangeant les nationalités (donc mélange de langues). Des embouteillages partout, d’où la nécessité de posséder une voiture volante. Des fois une voiture volante, c’est utile.



« Avez-vous déjà désactivé un humain par erreur ? »



Blade Runner : ce film Cartésien


Avant d’être un film visionnaire, Blade Runner c’est du film policier noir marchant sur les traces d’un certain Humphrey Bogart sauce futuriste. Harrison Ford, sourire en coin, abandonne les personnages forts et dragueurs pour un type alcoolique, vulnérable, cynique, fatigué, blasé, renfermé, mystérieux, presque muet, aucune empathie, ne manquant pas de se faire tabasser fréquemment. L’arrivée de Rachel va quelque peu « réactiver » l’empathie de Deckard grâce à une histoire d’amour classique. Rachel ne manquera pas de vous toucher. Sous son apparence froide se cache une femme terriblement blessée.


Un autre personnage ne manquera pas de retenir toute notre attention, d’offrir son lot de rebondissement et retournements de situations : Roy Batty. Ce méchant énigmatique à la chevelure blonde décolorée et à la personnalité brutale, capable d’être un ange, puis un démon invulnérable la seconde d’après (cf : la confrontation entre le personnage et Rick), vous proposera en fin de film un monologue émouvant malgré l’aspect « méchant » du personnage. Roy Batty, on comprend ses motivations, bien que ca ne justifie ses actes barbares. A partir de là, les différences entre humains et réplicants s’estompent, comme la frontière du bien et du mal.


« Qu’est-ce qui fait d’un être humain un humain ? Les sentiments ? ». C’est une des questions que ce posait Philip K.Dick dans la version roman de notre film. Si c’est les sentiments qui nous définissent en tant qu’humain, alors les robots sont les humains et les humains sont les robots. Alors que le personnage de Deckard et l’ensemble de l’humanité ne semblent plus éprouver quoique ce soit (surtout envers les androïdes), les androïdes, bien qu’ayant des sentiments programmés en eux, s’humanisent. Blade Runner emprunte la philosophie Cartésienne (je pense donc je suis).


Au même titre que la trilogie Matrix, Blade Runner, en plus de nous fournir quelques séquences de castagnes et fusillades, se veut philosophique, nous poussant à réfléchir sur nous même, transformant ce film au scénario « simpliste » et cette enquête policière en une véritable interrogation existentielle. Le film parlant de création, difficile d’échapper aux références religieuses et la rébellion de la création face à son créateur. Refus de mourir, incompréhensions, la douleur de Batty face à son destin funeste (ou non) ne manquera pas de vous toucher en plein cœur. Comme disait Montaigne : « apprendre à vivre c'est apprendre à mourir ».



« J’ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire...
De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion, j’ai vu des
rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la Porte de
Tannhaüser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les
larmes dans la pluie.»



Au final, accessible à tous, moins complexe qu’il n’y parait, Blade Runner, du génie créatif, un chef d’œuvre vibrant qui fera la joie des fans de science fiction.

Créée

le 30 sept. 2017

Critique lue 230 fois

1 j'aime

Jay77

Écrit par

Critique lue 230 fois

1

D'autres avis sur Blade Runner

Blade Runner
Gothic
10

Le Discours d’un Roy

[SPOILERS/GACHAGE] Nombreux sont les spectateurs de "Blade Runner" à jamais marqués par le monologue final de Roy Batty, ce frisson ininterrompu le temps de quelques lignes prononcées par un Rutger...

le 3 mars 2014

261 j'aime

64

Blade Runner
Nordkapp
10

Blade Runner rêve-t-il d'humains électriques ?

Toi qui crois regarder Blade Runner, ne vois-tu pas que c'est Blade Runner qui te regarde ? Il se moque quand tu hésites la première fois. Il te voit troublé par Rick Deckard, ce Blade Runner effacé...

le 9 juil. 2014

230 j'aime

25

Blade Runner
SBoisse
10

“J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion"

Comment aborder un chef d’œuvre ? Qu’est-ce qui fait son unicité ? Enfant, j’ai été enthousiasmé par L’île sur le toit du monde, Le jour le plus long, L’empire contre-attaque ou Les Aventuriers de...

le 7 déc. 2023

225 j'aime

20

Du même critique

Spider-Man: Far From Home
Jay77
4

Spiderman s’exporte en Europe

Même les super héros ont droit de prendre des vacances. Surtout après avoir vécu la pire des épreuves en affrontant Thanos. Suite direct d’Avengers Endgame, Spider-man Far From Home confronte son...

le 3 juil. 2019

15 j'aime

19

Aladdin
Jay77
7

Le prince Ali Ababwa fait peau neuve

Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des...

le 22 mai 2019

14 j'aime

5

Bird Box
Jay77
8

Fermez les yeux…enfin sauf pour regarder ce film

Le chat noir collant aux basques de Sandra Bullock dans Gravity, ne l'a finalement pas quitté. Cinq ans après en avoir bavé dans l'espace, Netflix plonge Sandra Bullock en plein cœur d'un survival...

le 27 déc. 2018

14 j'aime