Dans le cadre de la Cinexpérience #40, j'ai pu voir en "avant-première", ce film de M. Refn. J'utilise les guillemets car, comme l'a expliqué Manuel Chiche dans la session de Q&A qui a suivi le film, ce film qui sort en 2016 est en fait l'un des premiers de Nicolas Winding Refn. Mais la société de production a malheureusement fait faillite avant de pouvoir sortir le film.
Et cela explique mon étonnement du début. En effet, ne sachant rien de tout cela, je me suis dit "Chouette, le nouveau film du réalisateur de Drive" puis "Tiens, Mikkelsen a sacrément perdu du poids pour le film", "La reconstitution de la fin des années 90 est très fidèle, ils ont pensé à tout !" ou encore "Tiens, maintenant, Refn fait dans l'ultra low budget". Mais forcément, le film datant de 1999, tout se remet alors en ordre dans ma tête, à l'image du moment dans Memento où tu comprends enfin ce qu'il se passe et que tu remets le film dans l'ordre dans ta tête.
Mais par contre, encore une fois, j'ai donc assisté à un film que je ne serais jamais allé voir par moi-même. Au début, je voulais utiliser "et" au lieu de "mais", cependant, finalement, je change d'avis.
Non pas que le film soit mauvais, mais il ne m'a pas plu.
Tout le début de Bleeder m'a fait penser à ces fausses bandes-annonces de films scandinaves dans lesquelles on voit, depuis l'extérieur, un personnage appuyé à la fenêtre alors qu'il pleut, dans une ambiance sombre d'un jour de tempête en train de déblatérer son monologue.
Non seulement il ne se passe strictement rien jusqu'à la moitié du film mais ce rien ne m'a pas intéressé, la plupart du temps. On suit la vie de 4 personnages banals, leurs vies quotidiennes, leurs soucis, leurs questions existentielles (ou pas)
Certes la problématique de devenir parent est toujours touchante, je le reconnais.
Puis les événements s'enchaînent dans un classicisme navrant pour atteindre des sommets qui sont, je trouve, complètement déplacés et hors propos avec le film. De plus, toute l'amourette de Mads Mikkelsen sert certes à montrer que malgré tout, il peut y avoir du beau dans ce monde, mais l'histoire est écrite comme 2 silos séparés, sans aucun lien entre les deux et c'est dommage.
Autant la "mort" dans le sas de la boîte de nuit peut à la limite s'imaginer mais la montée de la violence entre les beaux frères, la torture, la non mort de l'ex-futur père, la vengeance tellement prévisible, les supposées transmissions du SIDA,... Au secours !
Mais, comme dans le podcast After Hate, essayons de ne pas finir avec de la haine. Il faut admettre que Mads Mikkelsen est comme toujours excellent dans son rôle. Il est ici un grand adolescent benêt, incapable de parler d'autre chose que de films et ayant les plus grandes difficultés à côtoyer la gent féminine mais il est convaincant. Quand on pense à la différence avec ses autres rôles, que ce soit Le Chiffre dans Casino Royale ou Hannibal dans la série télévisée, c'est du bon.
Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que tous les protagonistes ont un prénom commençant par L : Leo, Lenny, Louis, Louise et Lea. Remarquons également l'utilisation de quelques fondus au rouge, en prévision de la violence à venir et le contraste avec le ton plutôt réaliste du film au début. De plus, même si ce n'est apparemment pas voulu, je n'ai pu m'empêcher de remarquer que presque tous les lieux, au début, sont des endroits très confinés (sas de la boîte de nuit, appartement étroit, vidéoclub étriqué, ...) et encore une fois, en contraste avec la fin du film, où on voit un grand hangar, un carrefour large et vide,...
Impossible pour moi de recommander ce film mais j'imagine que les fans du réalisateur ont d'autres arguments.