Bleeding Steel
4.1
Bleeding Steel

Film DTV (direct-to-video) de Leo Zhang (2017)

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Premier film de science-fiction pour Jackie Chan, le film a néanmoins été vendu comme un actionner spectaculaire avec notamment une cascade inédite de Jackie sur le toit de l’opéra de Sydney, une première mondiale. La promo n’a d’ailleurs pas manqué d’évoquer la grande gloire de Jackie avec le remake de la chanson de Police Story pour les besoins marketing du film.


Malheureusement, si on était en droit d’attendre un film enlevé et spectaculaire sous fond de SF, les dernières minutes n’ont pas manqué de nous rappeler que le film de science-fiction de Jackie Chan reste à faire.


Si côté action, le film peut parfois s’en sortir avec les honneurs, dans le genre SF, Bleeding Steel atteint des sommets dans le kitsch. Oubliez les thrillers de science-fiction comme l’excellent Looper de Rian Johnson dont le jeune réalisateur Leo Zhang aurait pu s’inspirer. Bonjour l’influence de la pire SF hollywoodiennes mixé à la sauce « sentai » (série tv japonaise pour enfant).


De l’esbroufe de la première séquence de gunfight à la tonalité plutôt « dark » appréciable et rappelant la gloire du ciné HK certes, mais bourrée d’erreurs de découpage, à la cascade toute mollassonne sur le toit de l’Opéra de Sydney, en passant par un récit incohérent, une direction artistique désastreuses et le jeu des acteurs outranciers (Jackie Chan pleure encore…), il n’y a absolument rien à sauver dans ce film. Même Kung Fu Nanny, si on le prend pour ce qu’il est, soit un film pour enfant, fait mieux le job !


C’est simple, Leo Zhang fait preuve d’un manque de gout évident sur chaque « frame » de son film. Que ce soit dans son récit, de ses personnages (notamment les bad guys), ou de la représentation « old school » de la racaille (On se croirait dans Rumble in The Bronx qui était déjà caricatural en 1995). Bleeding Steel est un mix entre un bis américain des années 80 et un épisode de Bioman. Le tout filmé de manière très premier degré avec un Jackie Chan en roue libre, pépère, faisant manifestement confiance à une bande de jeunot qui l’ont tristement convaincu de faire ce film. Résultat de l’opération : un premier échec retentissant au box-office chinois dans la carrière de Jackie Chan. (Un petit 40M$ de recette pour 65M$ de budget).


Cette bande de jeune n’est autre que celle proche de son fils Jaycee Chan qui occupe ici la place du producteur exécutif à côté de son papa (pour la forme).


Le réalisateur Leo Zhang est un bon ami de Jaycee. Ils ont tourné ensemble en 2012 l’anecdotique Chrysanthemum to the Beast, premier long-métrage de Leo Zhang. Ce dernier a notamment signé le scénario du premier long de Jaycee Chan (Beijing : Nine O’Clock, toujours sans date). Le scénario de Bleeding Steel est signé Erica Xia-Hou et elle s’est donnée l’un des rôles principaux du film. Elle est une amie de Jaycee Chan et Leo Zhang et se retrouve elle aussi dans le premier film du fils de Jackie. Quant à l’actrice principale, les potins chinois affirment que la chanteuse taïwanaise Nana Ou-Yang n’est autre que la petite amie de Jaycee et se retrouve elle aussi dans son premier film.


Bref, vous l’aurez compris, l’entreprise ressemble beaucoup à du copinage plutôt qu’à une réelle envie de faire un BON film. Il est d’ailleurs très facile de remarquer que Jackie Chan ne s’est sentie que peu impliqué dans le film vu qu’il ne l’a pas produit. Comme pour The Knight of Shadows, Jackie n’a d’ailleurs que très peu participé à la promotion du film se concentrant surtout sur celle The Foreigner, sortie un mois avant. C’est aussi le seul film où l’on sent qu’il en tire, à juste titre, une réelle fierté depuis Dragon Blade en 2015.


Dans une forme de pré-retraite, Jackie Chan accepte essentiellement ce genre de production pour aider la jeune génération de cinéaste chinois qui hélas ne semble pas prendre la mesure du professionnalisme qu’exige le métier en se reposant uniquement sur le nom de Jackie Chan quitte à le pourrir.


On ne sera pas étonné alors de voir la réaction arrogante du réalisateur sur les réseaux sociaux chinois se plaignant que son film n’ait pas reçu le succès qu’il méritait selon lui, fustigeant par la même occasion la concurrence qu’il juge mauvaise (le plutôt bon Legend of Demon Cat du vétéran Chen Kaige). Et c’est là le principal problème de la jeune génération de cinéaste chinois : une génération prétentieuse éduquée au gros cinéma hollywoodien incapable de remettre en question la vacuité de leurs visions.

Tirry
2
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le 2 sept. 2019

Critique lue 300 fois

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