Blood Diner
5.3
Blood Diner

Film de Jackie Kong (1987)

Réalisé par Jackie Kong… Au début, j’ai cru à un pseudo, comme c’est parfois le cas dans ce cinéma de seconde zone où des réalisateurs plus ou moins connus se cachent derrière un nom d’emprunt afin qu’on ne sache pas qu’ils sont à la barre d’un film qu’ils n’assument pas. Mais en fait non, Jackie Kong existe vraiment, et c’est une réalisatrice qui au début des années 80 a même fait parler d’elle avec la comédie loufoque Night Patrol (1984), Patrouille de Nuit chez nous, et quelques années après avec Blood Diner (1987), du grand n’importe quoi sur pellicule qui ne se prend jamais au sérieux, et qui mettra un terme à la carrière de sa réalisatrice, malgré un micro statut de film culte qui viendra durant l’heure de gloire des vidéoclubs. Parlons-en justement de ce Blood Diner, car c’était sacrément fun !


Tourné en à peine trois semaines et pour un budget dérisoire de 330000$US, Blood Diner va reprendre certaines choses de Blood Feast (1963) de Herschell Gordon Lewis, le pape du gore, mais en version complètement con. Remake, hommage, suite, ou simple coïncidence, difficile à dire. Car autant il y a de nombreuses similitudes, autant la réalisatrice affirme ne jamais avoir vu le film de 1963 si on se réfère à certaines de ses interviews. Quoi qu’il en soit, avec son plot de départ qui frise déjà le n’importe quoi, on comprend très vite qu’on est dans un film d’horreur qui va lorgner vers la comédie bien débilos. Clairement, on est ici dans du grand n’importe quoi. Mais du n’importe quoi qui ne se prend jamais au sérieux. C’est con et complètement assumé, et ça ne cherche qu’à amener du fun. Nous sommes clairement dans une sorte de parodie et c’est parfois tellement nul et con qu’on se marre nous comme des cons. Ce n’est jamais fin, ça ne cherche jamais à l’être, certaines situations sont tellement absurdes qu’elles pourraient sortir d’une bobine Troma, et ça joue tout le temps la carte de la bonne humeur. Blood Diner va même parfois jouer sur le terrain de l’irrévérence, comme apparemment dans les autres films de la réalisatrice (mais n’en ayant pas vu d’autres pour le moment, je ne puis le confirmer), et bien que cela reste gentillet, on est content de voir comment les réalisateurs des années 80 ne semblaient avoir aucune limite. Des mecs qui récupèrent le cerveau de leur oncle chtarbé enterré depuis 20 ans, puis qui cherchent à reconstruire le corps d’un déesse en prenant des bouts de femmes (8 langues à faire sécher, plusieurs estomacs, trouver la bonne tête sinon ça serait une profanation, …) afin de lui faire reprendre vie en sacrifiant une vierge, le tout en servant les restes des cadavres à manger dans le restaurant qu’ils tiennent, il y a peu de chances qu’on voie un scénario comme ça de nos jours. Tant mieux diront certains. Dommage diront les amateurs de bisseries comme moi.


Blood Diner a un côté jouissif car il est très généreux. Généreux dans sa connerie, généreux dans ses effets gores, généreux dans ses plans boobs gratuits. Et oui, années 80 oblige, on a notre quota de plans nichons. Apparemment, l’aérobic dénudée, c’était très en vogue dans les années 80. Il y en aura pour tous les goûts, des gros, des petits, des vrais, des faux, des qui pendent. Mais aussi de la fesse, et même du poil pubien lors d’un combat à poil avec nudité full frontal. De là à dire que le réalisateur du film HK Escape From Brothel a vu Blood Diner avant de faire son film, il n’y a qu’un pas. Tant qu’à être dans les détails très 80’s, nous aurons dans Blood Diner un festival de coiffures absolument dégueulasses, toutes plus improbables les unes que les autres au point de se prendre des fous rires juste en voyant la dégaine de certains seconds rôles. Le film va donc évidemment très régulièrement verser dans le gore qui tâche avec du bon vieux SFX à l’ancienne : faux sang, latex, et animatronics, mais le tout en mode lowcost car le film est bien fauché comme il le faut. Mais il en est conscient et s’amuse comme tel (pas Guillaume hein), versant malgré tout dans la surenchère lors d’un final complètement fou, avec SFX grattés à même la pellicule, maquillages dégueulasses et effets gores kitchs mais funs. Des gags, Blood Diner n’en manque pas, bien que pas tous réussis, avec des acteurs en mode cabotinage assumé, puis un rythme qui n’arrête pas. Quand ce n’est pas gore, c’est con ; quand ce n’est pas con, c’est sexy ; quand ce n’est pas sexy, c’est gore ; et parfois les trois en même temps. Le tout en faisant bien attention à rester bien vulgaire, avec trois gros mots par minute et des personnages vulgaires / machos / dragueurs qui ne connaissent pas le sens du mot « finesse ». Petit florilège : « J’ai fait fonctionner ma queue avant ma tête » ; « Tu as un corps superbe Shitar, et une sacrée paire de nichons. Si j’avais encore ma queue, tu saurais ce que signifie le mot Virilité » ; « Mets-moi cette salope sur la liste des courses » ; ou encore un magnifique « Je suis tellement excité que je pourrais baiser une vache ». Vous avez dit VF en roue libre ? En tout cas, elle est tout bonnement épique et va à fond dans le nawak.


Blood Diner est un film absolument improbable. Assumant à 200% le fun qu’il a envie de transmettre, c’est une comédie horrifique certes kitch et fauchée, mais néanmoins bien jouissive et délirante qui sent bon l’outrance des années 80.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
7
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le 30 mai 2021

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