Pas franchement adepte de la langue de bois, il ne m'étonnerait pas que William Friedkin renie aujourd'hui avec vigueur ce « Blue Chips » effectivement très impersonnel et, disons-le, d'un intérêt limité. En effet, rien de bien nouveau dans le discours tenu ici, à base de morale sympa mais pas franchement originale, sans oublier les grosses magouilles d'usage, parfaitement incarnée par un J.T. Walsh comme d'habitude très à son avantage. Reste que tout ceci est tiré d'une histoire vraie, donnant sans doute bonne conscience au scénariste pour ne pas être gêné par les clichés, mais offrant surtout un minimum de crédibilité à cette histoire par ailleurs pas trop mal ficelé et porté par une interprétation hors-norme d'un Nick Nolte vraiment impressionnant.
Il n'est jamais évident de briller au milieu d'un film moyen, celui-ci le fait avec un talent fou et signe même probablement l'une de ses plus belles performances. Il serait toutefois injuste de ne pas créditer la délicieuse Mary McDonnell, à laquelle Friedkin offre un superbe rôle d'épouse sensible, intelligente, charmante et à fort caractère où elle fait merveille, la relation entre Pete et Jenny étant d'ailleurs probablement les rares moments où l'on sent le réalisateur totalement à son aise. Pour le reste, c'est donc du banal, pas désagréable, offrant quelques matchs sympas même si l'on a déjà vu plus spectaculaire, n'en faisant pas trop dans l'optimisme béat (notamment sur la fin) tout en restant globalement conventionnel : deux interprétations de premier ordre pour un film qui l'est beaucoup moins.