N'hésitons pas à le répéter, surtout parce que tellement peu de gens s'en sont rendu compte : le Blue Öyster Cult fut l'un des tous meilleurs groupes de "rock dur" (hard rock, heavy metal, etc.) de tous les temps. Le seul - OK, avec le Led Zep DANS UNE MOINDRE MESURE (je sais que je vais me faire beaucoup d'ennemis, là !), à avoir de grandes chansons, une vraie intelligence derrière les concepts "mis en scène" dans les chansons et les albums, un guitariste soliste hors pair (Buck Dharma), un chanteur à la précision et au phrasé redoutables (Eric Bloom), et même des "side kicks" au talent hors du commun (Allen Lanier, ami de Patti Smith, d'une intelligence brillante ; Albert Bouchard, l'un des rares batteurs qui est aussi un grand compositeur). Si le dernier "grand" album de la Secte de l'Huïtre Bleue date quand même de 1988 ("Imaginos"), les voir sur scène en 2002 jouer - devant un public de quadragénaires placides, savourant leurs bières fraîches - quelques uns de leurs "classiques" mêlés à des chansons plus récentes ou moins connues mais tout aussi saisissantes, est un immense bonheur. Bien sûr, le BÖC a abandonné depuis quelques années le décorum S.F. / occultisme qui rendait quand même leurs live shows hallucinants. Bien sûr, visuellement, on est plus du côté de la bande de quinqua souriants qui s'amusent que de celui de killers bardés de cuir venus terrifier la planète en brandissant les spectres d'idéologies perverses et menaçantes. Pire, le mix audio privilégie une clarté sonore qui, si elle constitue un bel écrin aux solos magnifiquement fluides de Buck Dharma, sacrifie la compacité et la puissance sonores, indispensables à la musique du BÖC. Ce ne sont pourtant que des détails par rapport à l'éblouissement - on parle quasiment de syndrome de Stendhal, là ! - que provoque une grande partie des chansons de "A Long Day's Night" : le sentiment de toucher là à une sorte de perfection (rare) dans le Rock, un équilibre parfait entre intelligence, subtilité mélodique et force émotionnelle. "A Long Day's Night" mérite de figurer dans la vidéothèque de tout honnête homme qui ne voudrait jamais oublier combien ce qu'on qualifie horriblement aujourd'hui de "classic rock" a pu être fécond. [Critique écrite en 2016]

EricDebarnot
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le 3 févr. 2016

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Eric BBYoda

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