Troisième adaptation cinématographique (après celle de Don Siegel en 1956 et celle de Philip Kaufman en 1978) du roman de Jack Finney sur les Hommes-cosse remplaçant les humains par de pâles ersatz dépourvus de sentiments.
Après la petite ville de province et la grande cité cosmopolite nous voici sur une base militaire, un environnement bien plus rigide et codifié. Un choix qui est sans doute la première erreur de cette troisième version des Body Snatchers. En effet des militaires qui ont un comportement étrange, qui gardent des secrets, qui ont une logique et un fonctionnement de communauté ne sont pas tant éloignés que ça des extra-terrestre déshumanisés, une proximité qui n'est pas exploité par le scénario.


D'ailleurs le film passe à côté de bon nombre d'éléments de son scénario telle une progression de l'angoisse, de la paranoïa complètement absente. Tout au plus y-a-t'il le personnage de Forset Wihtaker qui amorce quelque chose mais il passe complètement à la trappe avant de ré-apparaitre trop tard pour apporter quelque chose au récit.
Au lieu de faire monter la tension petit à petit le film préfère se concentrer sur les états d'âme d'une adolescente dans une famille recomposée. Une histoire d'un intérêt... relatif, et le mot est faible tant le développement des personnages est caricatural (moue matinale, baladeur k7 sur les oreilles et "vivement mes 18 ans" inclus). Pendant près de 40 minutes le film patauge avec ce mauvais épisode de sitcom dont le point d'orgue est une histoire d'amour avec un bellâtre au brushing impeccable.
Puis arrive une séquence de substitution assez glauque et qui laisse envisager un virage radical du film. S'il y a bien un virage on ne peut pas dire qu'il soit particulièrement bien négocié. Le moteur s'emballe d'un coup et la suite des évènements peine à prendre de l'envergure, la menace dans cette zone restreinte ne fonctionne pas vraiment et nos acteurs de seconde zone ont bien du mal à transmettre quoi que ce soit.
De plus le scénario enchaine les curiosités : nos héros sont sauvés par des mecs armés dont on ne saura rien. Ni qui ils sont, ni d'où ils sortent, ni ce qu'ils deviennent... comme dans un mauvais jeu vidéo ils apparaissent derrière une cloison, vide du plomb pour sauver les héros et puis, pouf, disparaissent. Pire encore : la façon dont l'héroïne apprends comment passer inaperçu en cachant ses sentiments : c'est un extra-terrestre qui lui apprends !


D'abord un peu chiant le métrage se fait de plus en plus bancal jusqu'à un final expéditif et assez ridicule.
Bref dit comme ça cette version de Body Snatchers a tout du naufrage et ce n'est pas la photographie post 80's baveuse et criarde qui dément ce constat. Pourtant certaines séquences retiennent l'attention.
Lorsque une école est remplie d'enfants aux comportements identiques, lorsque cette femme masse le dos de son mari pour l'endormir ou au détour de certains plans à la composition inspiré Abel Ferrara (surtout là pour payer ses factures) essaye de sauver la baraque. Malheureusement le soufflet retombe trop vite et on finit plus déçu qu'emballé.


Difficile de dire si c'est le studio qui a trop mis son nez dans le projet ou si c'est Ferrara qui n'a pas voulu s'impliquer mais cette version 1993 de Body Snatchers est clairement dispensable. Le plus curieux c'est que des trois adaptations c'est sans doute celle qui a le plus mal vieilli, à cause de ses choix esthétiques ringards et à cause de son histoire qui manque cruellement d'intérêt.

Vnr-Herzog
5
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le 19 avr. 2011

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