En proposant une œuvre toute à la fois sale, moite, épidermique et humaine, poétique, sensible, Border fait de ce grand écart l'instrument du malaise, du dérangeant pour ce qui ne le serait pas nécessairement aux yeux du spectateur.
Border, c'est la promesse d'un film fantastique qui, au contraire de bien d'autres œuvres aseptisées, fait mal, est parfois douloureux à encaisser autant qu'il est beau et évocateur.
Border, c'est ce film qui met en évidence la petite tache de café sur ma chemise d'un blanc immaculé, Border sait montrer aux yeux de tous ce "voisin sympa qui dit bonjour quand je le croise sur le pallier" et que je retrouve aux infos le lendemain parce qu'il a tué toute sa famille.
Border c'est l'ambigüité d'une rencontre avec moi-même, qui révèle le mal qui sommeil en moi, et ce bien, qui tarde à se manifester.
Border, avant d'être fini ou avant que je sorte de cette salle chaude et accueillante, c'est une expérience qui déroute et interroge.
Border c'est cette part de quête de soi dans le quotidien ou cette part de quotidien dans la quête de soi, je ne sais pas, c'est la mort de soi, et peut-être aussi la renaissance.
Border, c'est s'affranchir d'un regard pour en accepter un autre, rendant à la cruauté de l'Homme sa place.
Boder assume son postulat, celui-là même qui m'a attiré dans cette salle chaude et accueillante.
Border c'est une proposition qui m'est faite.
Border c'est une beauté qui me touche.
Border c'est ce film qui dépasse son postulat et dans la moiteur d'un arbre, va chercher le petit ver, assis dans cette salle chaude et accueillante, et l'engloutit dans sa grande bouche difforme.
7, laideur/10