Par bien des aspects, Border Line m’a fait penser au film Danois The Guilty, réalisé par Gustav Möller et sorti au cinéma en 2018. En effet, les deux films sont des premiers longs métrages, qui captivent par leur histoire resserrée, leur style de « thriller de bureau » en huis clos, et l’économie de moyens mis en œuvre. Deux films percutants, des films de dialogues, des petites pépites avec un nombre d’acteurs restreint.

Border Line est donc le premier film des réalisateurs Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez, deux Vénézuéliens qui ont eu l’idée de l’intrigue en rencontrant des difficultés lors du passage de la douane alors qu’ils se rendaient aux Etats-Unis. Border Line, bien qu’il s’agisse d’une fiction, sent donc le vécu à plein nez !

Le film retrace le voyage de Diego et Elena, un couple en apparence banal qui quitte Barcelone pour aller s’installer à Miami, changer de vie et vivre le rêve américain. Elena est espagnole, Diego est Vénézuélien. Il a quitté son pays natal, où vit encore une partie de sa famille, pour étudier l’urbanisme en Espagne, construire une carrière, et fuir la situation politique extrêmement tendu du pays.

Tout semble en bonne voie jusqu’à leur arrivée à New York. Là, les choses se corsent : après les habituelles questions d’usage, l’officier des douanes les conduit au sous-sol pour un interrogatoire plus poussé.

Progressivement, la pression monte : les petites vérifications anodines deviennent de vrais contrôles de police et les questions des douaniers se font accusations.

Le film est extrêmement bien mené : commençant sur un ton relâché, il devient progressivement anxiogène et captivant. Le tout pour une durée parfaite de moins d’1h20. Comme on dit, il n’y a pas de gras ! Graduellement, le doute s’instaure et l’amour du couple s’érode.

Les deux acteurs qui jouent Diego et Elena sont particulièrement convaincants. Tous les deux ne sont pourtant pas des têtes d’affiches bankables. Alberto Ammann a joué dans quelques films espagnols de seconde zone, ainsi qu’un petit rôle dans la série Narcos, et Elena n’est pour Bruna Cusí que son 9e rôle en temps qu’actrice. Pourtant, les deux acteurs portent tout le film sur leurs épaules : C’est l’alchimie du couple progressivement ébranlée qui captive le spectateur.

Border Line compte tout de même quelques petits défauts, notamment une fin qui semble un peu tirée du chapeau. Mais le tout est extrêmement solide et prometteur pour un premier film, et l’on a hâte de voir ce que le duo de réalisateur proposera par la suite.

Si le film connaît au cinéma un démarrage plutôt timide (au milieu des 20 autres sorties de la semaine..., le thriller a en tout cas connu un très bel accueil lors de sa présentation en avril au festival Reims Polar, d’où il est reparti avec le Prix du Public, et vaut le coup d'œil. Un petit film à ne pas manquer !

D-Styx
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2024 : année cinématographique bluffante et Le meilleur des films Art & Essai 2024

Créée

le 2 mai 2024

Critique lue 665 fois

11 j'aime

7 commentaires

D. Styx

Écrit par

Critique lue 665 fois

11
7

D'autres avis sur Border Line

Border Line
D-Styx
7

This is America

Par bien des aspects, Border Line m’a fait penser au film Danois The Guilty, réalisé par Gustav Möller et sorti au cinéma en 2018. En effet, les deux films sont des premiers longs métrages, qui...

le 2 mai 2024

11 j'aime

7

Border Line
titiro
7

Au pied du mur

J'adore aller voir ce genre de film un peu conceptuel, surtout quand on a la chance qu'il sorte sur nos écrans Ici, le concept est certes déjà vu, mais c'est diablement bien tourné. Un couple veut...

le 1 mai 2024

8 j'aime

2

Border Line
Cinephile-doux
6

L'aéroport de l'angoisse

D'origine vénézuélienne mais installés depuis plusieurs années à Barcelone, les réalisateurs de Border Line ("traduction" française de Upon Entry), Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez, ont...

le 27 mars 2024

6 j'aime

Du même critique

Annette
D-Styx
10

Adam Driver and the Cursed Child !

Vraiment, ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu autant de cinéma dans un film ! Une proposition si singulière, un long métrage de cet ampleur ! Quel plaisir de découvrir en Ouverture de...

le 2 juin 2022

43 j'aime

12

Bob Marley: One Love
D-Styx
8

One Love, One Heart, One Destiny !

Les biopics musicaux ont bien souvent un point commun : celui d’être décriés à leur sortie, car jamais assez proche de la réalité, de la vie de l’artiste, de l’image que l’on s’en fait. Mais en...

le 12 févr. 2024

37 j'aime

6

Road House
D-Styx
7

Jake l'éventreur

Je suis surpris de lire autant d’avis aussi négatifs sur Road House. Certes, clamer au chef d’œuvre serait légèrement disproportionné, mais j’avoue que je n’ai pas passé un moment déplaisant en...

le 25 mars 2024

34 j'aime

6