Olivier Marchal, entre deux longs-métrages et bien avant Bronx qui cartonne actuellement sur Netflix, avait signé Borderline, un téléfilm pour France 2 revenant sur le récit autobiographique d’un commissaire traîné dans la boue avec d’autres par l’IGN pour ses méthodes peu orthodoxes. Pour un téléfilm sincère mais bien fade.


Borderline est un récit tombé entre les mains de son acteur Bruno Wolkowitch qui s’est ensuite trouvé sous l’œil de son ami réalisateur Olivier Marchal. Suivant la mise au ban de Michel Neyret et trois autre policiers par l’IGPN, le film se base sur son récit autobiographique, 96 heures : un commissaire en garde à vue, édité chez Michalon Editions, contant depuis sa cellule la suspension de ses fonctions de policiers au vu des accusations d’association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, détournement de scellés et vol en réunion. Il n’en fallait pas plus à Olivier Marchal pour reprendre ce qui faisait le huis-clos de son premier long-métrage Gangsters dans un film engagé mais désespérément fade, ne se décrochant jamais de sa vocation plus adaptée aux grilles d’un programme télé plutôt qu’au cinéma.


Fade réquisitoire


Parce que le huis clos est bien différent de celui de Gangsters, celui qu’on emprisonne étant cette fois-ci un policier aux états de services irréprochables, le film s’éloigne de la torpeur du premier film d’Olivier Marchal pour épouser la vie bien lisse d’un policier à priori exemplaire. Entre flashbacks et interrogatoires menées par l’épouse du metteur en scène Catherine Marchal, les états d’âmes de son personnage ne suffisent ainsi pas à mener le récit vers le haut, qui se teinte de plus d’un engagement sincère mais plat pour des méthodes discutables ayant néanmoins permis de remplir des quotas imposés et d’une mauvaise foi des dirigeants. Parce que le personnage principal se trouve victime du système d’un métier qu’il a épousé jusqu’au mépris de sa propre vie, le film d’Olivier Marchal peine à lui insuffler la grandeur et la tragédie de ses personnages de 36, Quai des Orfèvres et de MR73.


Film réquisitoire à la gloire de policiers acharnés, Borderline échoue ainsi à s’élever vers le haut d’un dialogue plat souvent empesé et mené par des personnages caricaturaux que le film ne prend jamais la peine de creuser. L’on ne ressent ainsi jamais la torpeur de ses protagonistes écrasés par la mauvaise foi et du devoir que leurs métiers leur incombe tant le scénario usera de ficelles grossières pour les humaniser en leur créant un invraisemblable passé commun qui alourdit encore plus un film qui peinait à décoller. Malgré les prestations convaincantes de Bruno Wolkowitch et Patrick Catalifo, Borderline leur laissera cependant le temps de respirer dans quelques flashbacks de leur relation et de milieux nocturnes qu’Olivier Marchal se trouve habitué à filmer.


Parce que derrière le débat, Borderline se fait bien trop bavard et trop fade pour véritablement donner du cœur à ses personnages et faire décoller le film. On ne verra ainsi resurgir Olivier Marchal que dans une scène finale sèche et réussie, qui retrouve le temps d’une poignée de minutes la sécheresse et la beauté tragique d’individus condamnés par un métier auquel ils auront donné bien plus que leur vie. Maigre récompense pour un dialogue fade de plus d’1h30 qui fait cependant pleinement ressentir l’ennui infini d’une garde à vue.


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QuentinBombarde
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le 16 nov. 2020

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QuentinBombarde

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