Ma critique complète sur Les Joies de Julia.
Disons-le tout de suite : je suis une fan absolue de tennis. Après avoir adulé Marat Safin et souffert devant la descente aux enfers de Guillermo Coria, j’ai ensuite calé mon parcours académique sur les victoires annuelles de Rafael Nadal à Roland Garros, jusqu’à lire récemment le livre de Novak Djokovitch sur sa vie sans gluten. Revivre l’affrontement mythique du suédois Björn Borg, alors numéro 1 mondial, et de l’américain rebelle en pleine ascension, John McEnroe, en finale de Wimbledon en 1980, n’a alors pas de prix. Mais comme tous les grands films sur le sport, Borg/McEnroe parle en fait très peu de sport. Il est avant tout le portrait croisé de deux hommes aux parcours faits de sacrifices et de souffrances, d’abnégation et de conviction. Pourtant, Borg/McEnroe n’a pas grand-chose à voir avec toutes les machines hollywoodiennes et évite tous les clichés sur le dépassement de soi et le pouvoir de l’équipe. Le suédois Janus Metz nous offre plutôt ici une introspection puissante de deux solitudes que tout semble séparer, mais que les blessures du passé rassemblent et dont l’existence sur le court est irrémédiablement liée à celle de l’autre.
Visuellement magnifique, d’une tension à couper le souffle et d’une poésie bouleversante, le film part carrément dans une autre dimension avec ses deux interprètes principaux, jamais dans la performance extrême, mais tellement habités qu’on a du mal à croire qu’ils ne soient pas réellement en train de jouer le match de leur vie. Si Sverrir Gudnason est troublant et magnétique en Björn Borg impénétrable, Shia LaBeouf, explosif et déchirant dans le rôle de l’intenable McEnroe, nous pose encore la question de savoir quand son génie sera enfin reconnu. A côté de ces deux colosses se dessine en arrière-plan l’impact sur leur entourage de cette vie de fou qui ne peut s’arrêter que sur une défaite. Plus qu’un film de sport, une sublime métaphore de la vie.