Après avoir vu ce film, j'ai envie de faire dans le populisme (puisque ce mot est à la mode) et de m'ériger contre toute une critique cinématographique (pour ne pas dire intelligentsia) que j'ai parfois bien du mal à comprendre. Je suis sûrement plus "grand public" en matière de cinéma que je ne le suis en matière de musique, par exemple, mais quand un film ne répond pas à des critères fondamentaux du septième art, j'ai du mal à m'enfoncer dans des concepts spirituels sur une soi-disant vérité de l'existence transparaissant de l'écran.
Parce qu'ici, le scénario est très pauvre, en-dehors des cavalcades "400 coups-esques" du petit blondinet. On ne peut alors que penser au Petit fugitif, qui était lui beaucoup plus distrayant avec sa patte plus proche d'un "Maman j'ai raté l'avion", sans le côté beaufasse de la comédie Hollywoodienne.
Tout est filmé en noir et blanc, ma foi assez classieux, mais pas non plus assez stylisé pour retenir mon intérêt. Les répliques s'enchaînent sans vraiment de portée, comme s'il s'agissait d'un perpétuel "non-sens" pour prouver que la vie dans les couches les plus défavorisées est absurde. Certes, mais alors il faut prendre ce film comme un docu-fiction pour davantage l'apprécier ? Pas vraiment, car l'absurdité rejoint tellement l'ubuesque à certains moments qu'il est difficile d'y voir une vérité historique, un témoignage sur une époque donnée en Russie. Ainsi, une histoire d'espion étranger qui se fait passer pour un zinzin se glisse, sans raison, comme s'il fallait absolument boucher des trous pour parvenir au statut de "long-métrage". Idem pour la situation des japonais dans ce ghetto, qu'on instrumentalise mais qui finalement n'ont aucune incidence sur le scénario (hormis la mort du bijoutier, peut-être...).
Alors le synopsis mentionne une histoire d'amour. D'accord, mais il en serait de même si on apposait le mot "amitié" sur ces amourettes juvéniles peu démonstratives. La fille n'est finalement qu'un relais de l'antihéros, une sorte de faire-valoir en négatif, qui permet de souligner la bétise ("imbécile !") du petit garçon face à cette gamine qui joue à la grande qui a tout vu.
Pour faire simple, les scènes se suivent de manière décousue et brouillonne, comme si un élève avait dû produire sa dissertation sur papier en 3 heures, sans avoir mûri son plan, ni pu se relire. Les transitions sont légères et le seul fil reste la déchéance de ce gosse qui sombre dans la délinquance. Ce ne sont pas quelques scènes "choc" (l'espion qui bouffe de la merde, la nana à poil qui danse avec un balais) qui sauveront ce film, malheureusement. Pas assez pour distraire de son manque de consistance.*
Peut-être que je n'ai pas tout saisi, mais même s'il recèle une profondeur qui m'est inconnue, son austérité m'empêcherait de m'y replonger pour le "relire" autrement. Reste un divertissement plaisant à regarder, parce qu'il étale des "Freaks" - ce qui plaira aux amateurs du film du même nom - de toute part, et qu'il repose sur le thème assez fédérateur de la lutte pour la survie.