Double boulevard (de l'ennuie)

Quentin Tarantino rend hommage aux films d’exploitation de courses poursuites des années 70 dans ce Boulevard de la mort atypique et techniquement étrange.

Le film est découpé en deux parties, et dans chacune d’elle on nous présente un groupe de femmes qui, lors d’un dialogue interminable, explique leur rapport aux hommes, avant de croiser la route d’un cascadeur psychopathe, qui prend son pied en tuant les jeunes femmes en les impliquant dans des accidents de la route.

La première fois que j’avais vu ce film, je ne l’avais pas franchement apprécié, aujourd’hui que je le revois et que je sais à quoi m’attendre, j’avoue que je me suis concentré sur les aspects, réussis de la production, mais commençons par ce que je n’aime pas :

Ce découpage en deux parties est redondant et pénible. Les schémas narratifs sont identiques ce qui a tendance à m'ennuyer durant la deuxième heure de film. Tarantino joue avec la photographie, en débutant avec un rendu à l’ancienne (l’image est parasitée, et instable), puis il passe au noir au blanc, et termine avec un rendu moderne. Honnêtement, je n’ai pas compris. J’aurais préféré que tout le film se déroule avec le même rendu. J’ai été perturbé par cet exercice de style. Les gros plans sur les pieds sont agaçants. Il y a des personnes qui n'apprécient pas la vue des pieds, il faut les respecter (on est d’accord, c'est moche). Je plaisante bien sûr, mais il n'en reste pas moins que l'obsession de Tarantino est trop envahissante. Par ailleurs, il apparaît dans tous ses films, mais vu sa gueule, il pourrait s'en abstenir (OK, ça c'était absolument nul et gratuit). L’histoire est sommaire, l’intrigue aussi. Les personnages sont terriblement anecdotiques. Le film, lors d’une séquence bien particulière, tombe dans l’horreur inattendue. La scène est d’une violence inouïe, elle m’a heurté de plein fouet. Ce passage m’avait laissé un souvenir gênant, et je comprends pourquoi maintenant que je le revois. Pour finir, je n’apprécie pas le jeu de Kurt Russell, j'y suis hermétique, les goûts et les couleurs, ça ne s'explique pas toujours.

Pour ce qui est des qualités, j’ai beaucoup aimé le dénouement, que je trouve horriblement gratifiant et étrangement drôle. Le ton du film change de manière inattendue en nous délivrant une morale borderline, mais satisfaisante. J’ai bien aimé la performance de Rosario Dawson, Zoë Bell et surtout Tracie Thoms, qui se distinguent dans cette galerie de rôle féminin. L’ambiance du film est remarquable. Les cascades sont folles. J’aime bien aussi le fait que Tarantino mette en avant le métier de cascadeur.

En conclusion, ce film me divise énormément. Il y a des aspects que j’ai grandement aimés et d’autres qui m’ont grandement rebuté. Je ne sais pas trop quoi en penser. J’ai l’impression que le spectacle est bâclé, un peu fini à la hâte, ou imaginer dès le départ sans la véritable bonne idée (quand on y réfléchit, tout est relativement élémentaire dans ce scénario). La production démontre d’une certaine manière que l’exercice de style ne se suffit pas à lui tout seul, le résultat manque d'un véritable scénario. D’ailleurs le public ne suit pas, Boulevard de la mort a été un échec commercial. Pourtant il reçoit des critiques plutôt positives de la presse. Au fil du temps, le film a tout de même acquis une belle réputation, et sa définition atypique lui vaut même les honneurs d’être quelquefois cité parmi les chefs-d’œuvre du cinéma.