Une cadre sup parisienne très collet-monté est nommée DRH de l'hôpital de Carhaix.Sur place,elle va se délurer peu à peu en intégrant une bande de chouettes copines avec qui elle dispute le championnat de Bretagne de bowling.Le hic,c'est qu'elle est chargée de démanteler le service maternité où travaillent deux de ses nouvelles amies.Par conséquent,elle a le cul entre deux chaises."Bowling" est produit,écrit et réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar,et le nom de la fille est bien la seule chose qui fasse rire dans ce "feel good movie" dégénéré.Bien que l'intrigue rappelle furieusement celle du hit anglais "Les virtuoses",on bénéficie ici du fameux label "histoire vraie" car,effectivement,la fermeture prévue de la maternité de Carhaix a entraîné en 2008 une forte mobilisation populaire aboutissant au sauvetage du service.Le film est une dégoulinade gerbante de bons sentiments carburant aux scènes de comédie grotesques et aux moments d'émotion lourdingues.C'est consternant de bout en bout et les personnages sont des caricatures au cube,entre bretons arriérés et chauvins,méchants politiciens fourbes et bourgeois parigots coincés.Toute cette triste humanité s'agite vainement,tandis que le spectateur est gavé d'humour débile,de bonne humeur factice,de manifs pathétiques,de parties de bowling mal filmées et surtout de séquences signifiantes sur les enfants et la maternité.On a droit à notre dose d'accouchements et de consultations gynécologiques,alors que toutes les héroïnes sont grave concernées par ces sujets,entre celle qui n'a pas d'enfant et le regrette,celle qui en a perdu un,celle qui flippe d'être enceinte et celle qui a deux mômes mais refuse de faire le troisième.Les comédiennes,pour tenter de rattraper le coup,surjouent comme des guenons en rut,ce qui ne fait qu'aggraver la situation.Forcément,à la fin,Carhaix conservera sa maternité.On est contents pour eux,car il est certain que de devoir se taper quarante ou cinquante bornes pour accoucher n'est pas une sinécure,mais Mention-Schaar a l'air de découvrir l'eau chaude.Eh oui,c'est comme ça ma bonne dame,nous vivons dans une société ultra-libérale où même les services publics sont soumis aux critères de rentabilité,ce dont tout le monde semble s'arranger,jusqu'au moment où on est personnellement touché.Parce que si Carhaix a gardé sa maternité,ça s'est fait au détriment d'autres villes qui n'ont pas eu cette chance,et ce genre de fermetures perdure à l'heure actuelle,dans ce domaine comme dans d'autres.La musique bretonnante d'Erwann Kermorvant est excellente mais vient hélas renforcer l'aspect folklorique,style "bienvenue chez les bouseux",qui baigne le film.Seule consolation,les apparitions insensées du toujours extraordinaire Alex Lutz en examinateur du permis de conduire agressif,malveillant et boutonneux.