"Boyhood" est une expérience conceptuelle audacieuse, risquée même, qui a fonctionné au delà de toute attente : filmer la vie d'un enfant - puis d'un adolescent - (et, en passant, d'une troupe d'acteurs entourant son personnage) pendant 12 ans, et en faire un film de fiction. Le sentiment, non, la sensation du temps qui passe est là, sur l'écran, et c'est une vraie réussite, surtout quand Linklater accompagne ses images de quelques réflexions - certes pas transcendantes, on est ici dans le ciné US indie, c'est-à-dire dans une sorte de version bas de gamme du cinéma d'auteur - sur la vie et comment la vivre : entre la réussite sociale de la mère qui se retrouve seule au départ de ses enfants et se demande s'il n'y avait pas autre chose qu'elle aurait loupé, et la conclusion avec les considérations embrumées des ados sur les instants qui te possèdent plus que tu ne les possèdes, toi... Ras la moquette, mais pas si mal non plus... Pour le reste, on a droit à un scénario a minima, qui tente d'énumérer les vicissitudes d'une vie ordinaire, et à un portrait sans recul aucun de la classe moyenne blanche américaine, ce qu'on trouvera selon son humeur touchant ou irritant. "Boyhood" n'est donc pas un grand film, tout juste un bon film. [Critique écrite en 2015]

EricDebarnot
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste The Best that Cinema has had to offer since 2000

Créée

le 22 mars 2015

Critique lue 548 fois

8 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 548 fois

8

D'autres avis sur Boyhood

Boyhood
Sergent_Pepper
7

Un rêve : l’histoire du temps.

Boyhood fait partie de ces films à concept qui prennent un risque majeur : se faire écraser par lui en s’effaçant derrière cette seule originalité. Suivre pendant 12 ans les mêmes comédiens pour les...

le 18 janv. 2015

98 j'aime

9

Boyhood
Rawi
7

12 years a child

En préambule, je voudrais pousser un coup de gueule ! Depuis le temps que j'attends ce film, je n'étais plus à une quinzaine près mais ayant l'opportunité de le voir en avant première, je me rends...

Par

le 23 juil. 2014

88 j'aime

39

Boyhood
guyness
7

Une vie de mots, passants

Quand on lance un film expérimental de 2h46 avec une pointe d’appréhension, l’entendre s’ouvrir sur du Coldplay fait soudain redouter le pire. Faut dire que j’arrivais sur un territoire d’autant plus...

le 18 janv. 2015

82 j'aime

17

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

187 j'aime

25