Je m’informe avec grand intérêt sur la carrière d’Andy Serkis depuis l’époque du Seigneur des Anneaux. Je regarde ses films, ses performances, ses interviews et ses projets. C’est un homme tout à fait exceptionnel, pluridisciplinaire, talentueux et engagé.


Breathe est un joli film, très positif et plein de vie.


Les cyniques de notre époque y verront une histoire mielleuse et naïve, là où l’histoire vraie de ces gens leur donne complètement tord. Andy Serkis fait le choix d’aborder le film comme un conte de fée, où musique et photographie se rassemblent autant dans la peinture de paysages idylliques que de situations cocasses. Serkis a dit que le début de son film reprend les lieux de tournage anglais du film pour enfants Chitty Chitty Bang Bang, démontrant son choix radical visant à encadrer ses personnages dans un univers féérique. Bien qu’à l’arrivée de la maladie de Robin (Andrew Garfield) le ton du film vire au drame, Serkis l’utilise plus comme un ressort scénaristique temporaire avant de revenir vers un ton plus upbeat, enthousiaste tout au long du film. L’emploi de l’humour y est d’ailleurs constant. Serkis décrit l’univers de son film comme très anglais, parlant ici du côté farfelu et fantasque des Anglais, n’hésitant pas à briser les règles sociales et choisir le risque de l’aventure. Le film, qui traite d’un sujet grave, finit ainsi sur une note apaisée et quasi romantique.


Côté mise en scène, tout est très (trop) propre et très pro, mais sans la graine de folie que l’esprit British semble implorer. Quelques dutch angle lorsque Diana (Claire Foy) apprend la soudaine maladie de son mari font de l’effet, quelques plans aériens transforment les véhicules et les décors en jouets pour enfants, et quelques vues subjectives redonnent un peu de boost à une réalisation un peu trop polie et respectueuse de son sujet.


Côté acteurs, je ne suis pas fan d’Andrew Garfield de manière générale. C’est plus physique qu’autre chose, je n’aime pas sa voix, son gabarit, ni ses expressions. Mais je mesure tout à fait le talent du garçon qui est indéniable, allant jusqu’à rester dans son personnage entre les prises. Le film décrivant une histoire vraie, on sent tout son respect et tous ses efforts pour rendre son personnage aussi crédible que possible. En revanche, j’ai eu un coup de coeur pour Claire Foy qui est une actrice que je ne connais pas vraiment et que j’ai trouvé juste, émouvante et assez brillante. Elle représente le moteur du film et de l’histoire, car sans elle Robin voulait se laisser mourir, mais elle change la donne littéralement en décidant de sortir son mari de l’hôpital et aller le faire vivre chez lui près de sa famille. Elle et son groupe d’amis (exemplaires) démontrent tout leur amour et leur ingéniosité pour faire de ce pari fou une réalité.


Andy Serkis s’attaque finalement à un sujet très difficile pour un premier film, car il doit à la fois respecter l’histoire vraie incroyable de ces gens, maintenir son public en éveil devant un malade dans son lit (exercice toujours casse-gueule) qui a un tuyau enfoncé dans la gorge, et manipuler habilement le ton de son film entre mélodrame et réalité.
A noter que le producteur du film n’est autre que le fils de Robin et Diana Cavendish (!), ce dernier ayant été présent sur le tournage, ajoutant une dose de pression supplémentaire sur les épaules de Serkis.


Même si, comme le montre ma note, je n’ai pas été conquis par ce film, je tire mon chapeau à cet acteur/réalisateur que j’apprécie tant et dont mon intérêt à son égard n’a fait que grandir.
Je finirais en paraphrasant sur les mots de Guillermo Del Toro, dont la phrase « Emotion is the new punk » définit l’esprit de ce film, à savoir que parler d’amour de manière sincère est aujourd’hui un risque qui vous fera toujours passer pour un doux naïf hypocrite.

Tom_Selleck
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le 6 janv. 2018

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