À la suite d’un braquage qui a mal tourné, un chauffeur est chargé d’aller récupérer la nouvelle recrue qui y a participé, afin qu’ils reçoivent leur part du butin. En réalité, le bleu est accusé par les commanditaires du braquage de les avoir doublés, et une fois là-bas, les gangsters, commandés par une mystérieuse femme, ne comptent pas enfiler des perles avec lui. Se pose alors un cas de conscience pour le chauffeur, qui a l’intime conviction de l’innocence nouveau : obéira-t-il à l’ordre qui lui a été donné ?


Je dois à nouveau dire que j’ai vu un film trompeur, et plutôt dans le bon sens du terme. Je m’attendais à de l’action propre, efficace et survoltée, type Le Transporteur, mais au final, par ses ambitions cinématographiques, Bring Him to Me se pose davantage en héritier de Drive. Visuellement, c’est très beau, les plans sont corrects et l’ambiance est là, toujours lourde et tendue. Une muscle car qui perce la nuit d’une jungle urbaine, flattée par ses néons tapageurs… À l’intérieur, un type torturé, la petite musique qui va bien… Tout ça n’a rien d’inédit, mais la magie opère toujours quand le réalisateur sait y faire. Les dialogues sont globalement peu inspirés mais sont bien rattrapés par des acteurs investis dans leur rôle, notamment le duo principal.


La grande force du film, c’est cependant son scénario (bien qu’il cède à quelques facilités)* ; scénario dont le nœud est l’amitié naissante entre les deux protagonistes. Durant ce trajet qui a tous les airs d’un couloir de la mort, ces deux inconnus vont apprendre à se connaître et à s’apprécier. À travers leur vécu, le chauffeur découvre un miroir de lui-même : un papa au fond pas fait pour le crime qui veut juste mettre sa famille à l’abri dans une petite bourgade sans grand avenir professionnel. Lui a eu un père aimant, pas son passager. Les deux aspirent à des lendemains meilleurs. « Je ne crois pas au karma » dit Keith, le bleu. Néanmoins, quand on vit dans ce milieu, est-il si simple d’enterrer le passé ? La vérité se distille goutte à goutte, de manière plutôt classique (des flashbacks), avec suffisamment de suspense pour accrocher le spectateur. La conclusion éclaire toute l’histoire d’une toute nouvelle lumière : le chauffeur va devoir vivre avec sa lâcheté et une mort qui le hantera pour toujours… mais qui sait combien de temps il lui reste à vivre. Le final ouvert, qui sera peut-être frustrant pour certains, titille l’imagination du spectateur… en laissant envisager une suite ?


Pas aussi flamboyant qu’un Reservoir Dogs ou aussi grandiose qu’un Les Affranchis, le film de Sparke a ses défauts, on n’est d’accord. Il reste néanmoins une œuvre bien conçue et qui fait son effet, notamment grâce à son histoire bien amenée. Sa sobriété ne lui fait pas défaut, sans compter que son pari de miser sur sa trame narrative et son atmosphère plutôt que sur les gros flingues et l’adrénaline se révèle payante. Plus qu’une histoire de gangsters, Bring Him to Me est une histoire d’hommes, et c’est également ça qui le rend attachant, voire touchant.


* : pour les facilités, on pensera à la méchante qui bute Léon car elle ne voulait pas de blessés au cours du braquage... Oui enfin meuf, tu l'as volé le brave McCarthy, donc de toute manière, il allait pas t'envoyer un bouquet de roses !

C4r4mel
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le 30 janv. 2024

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