La passion du triste

Putain c'est beau. Une beauté atypique, étrange, ni vraiment celle d'un film ni celle d'un tableau, mais entre les deux.

Si le sujet est dingue, faire un film à partir d'un tableau, le traitement l'est tout autant : pas de scénario à proprement parlé, ni même de vrais dialogues, mais juste le témoignage d'un lieu et d'une époque, une succession de moments de vie, d'images. A peine aura t'on droit à quelques paroles : celles du notable, pour situer le contexte historique (les espagnols occupent le pays, et se comportent en sacrés enfoirés) ; celles du peintre, expliquant parfois la symbolique et les choix de mise en scène de son œuvre, mais sans jamais rentrer dans une analyse détaillée de la toile (on n'est pas dans "Palettes").
Le mauvais coté de ce parti-pris c'est que je me suis parfois un peu fait chier, parce qu'entre deux scènes somptueuses ou captivantes, regarder une chèvre brouter ou trois péquenauds qui prennent leur déjeuner ça peut assoupir malgré les couleurs splendides et la composition parfaite de l'image.

Ce n'est donc ni une fiction, ni un documentaire historique, ni une analyse de la toile, mais bien une œuvre d'art singulière, plus proche du tableau vivant que du film. Parfois austère voire ennuyeux, c'est néanmoins une œuvre à voir si l'on est particulièrement sensible à l'esthétique d'un film ou fan de peinture.