Tu vas voir, on va plonger dans la Belgique profonde, dans cet univers trop kikinou de la bidoche et des hormones.
Autant vous dire que j’étais pas jouasse. Et puis je me fais happer par cette aubade rurale, sans trop savoir où ça mènera, mais en sachant que ça ira mal. C’est tout le mal qu’on se souhaite, tant l’immersion est progressive, et que le tempo nous laisse macérer dans le purin et la rillette. C’est Requiem For a Dream couiné par un castrat porcin. Ça pue la mort et la Belgique. La tristitude sans artifice, de celle qu’on ne montre pas trop au cinéma. A l’instar du moins crétin des frères Filippini, on se fait suspendre dans la fosse où la misère humaine barbotte à petit feu. Voici qu’on renifle enfin un peu d’immonde réalité. Celle des attardés, des p’tits truands sans envergure, des garagistes véreux, des prolétaires xénophobes, de la flicaille roturière et des indics gonzo. Entre deux bouses bien masculines, palpitent quelques fleurs du coin, capitonnées dans l’oxymore de leur vie quotidienne.
Un acteur magnétique qui régénère le mesmérisme.
Une mise en scène qui ne quitte pas les pognes de Roskam
Une musique qui fait briller les bottes
Quelques giclées de poésie bestiale
De la petite scène choc
Un requiem lancinant qui tarde à jouir
Du péché de gourmandise dans la cadence
Quelques incohérences dans les personnages
La pauvreté rustique de l’histoire
La musique ouin-ouin qui dure 3 plombes à la fin pour emphaser ce qui n’a pas besoin de l’être. Pitié, on dirait du Clint Eastwood.
Un bon coup d’essai, poétique, saisissant, brutal et sournois comme l’injection de stéroïdes entre deux glandes salivaires. On en ressort avec un gout de merde dans le palais, un peu d’amour pour tous les bœufs qui cherchent leurs burnes fracassées, et une grosse envie de tofu. Dommage qu’il pèche de-ci de-là par des lourdeurs stomacales, comme si Bullhead nous marchait sur le pied, pour ne pas dire sur les couilles. Dommage aussi que le scénar tourne en rond faute de féculents et que cette potée aurait gagné en sauce tomate.
Soren_Van_Rod
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le 13 mai 2013

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Soren Van Rod

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