Cabin Fever 2
4.6
Cabin Fever 2

Film de Ti West (2009)

Cabin Fever ayant eu son petit succès mérité, il était logique qu’une suite arrive. Il faut au moins reconnaître à Spring Fever d’avoir déplacé son cadre de manière assez radicale. Le spectateur aurait pu s'attendre à une reprise de l'histoire du pr l’histoire de jeunes adultes menacés par une terrible infection dans un chalet forestier. Du Passé, celle-ci ne fait pas table rase puisqu’elle traite de la conséquence de la propagation des eaux infectées aperçues dans le précédent. Mises en bouteilles, elles arrivent dans un lycée qui s’apprête à célébrer son bal de fin d’année.


On quitte donc les jeunes adultes pour des adolescents, tous aux comportements bien clichés : l’intello héros et donc pas moche, son ami gras du bide et sarcastique, l’amie d’enfance et plus si affinités, le fils du riche du coin et donc imbuvable… Le premier Cabin Fever ne disposait déjà pas de personnages très forts en originalité, c’est encore pire ici.


C’est d’autant plus exaspérant que le film prend un temps fou pour installer ses personnages, sans pour autant leur en donner plus d’importance. Leurs préoccupations sont banales. Cabin Fever d’Eli Roth ne s’était pas risqué à prétendre donner de l’épaisseur, le spectateur faisait leur connaissance dans un climat toujours angoissant, inquiétant. Il n’y a rien qui puisse créer un tel malaise dans cette suite, alors le film occupe sa deuxième (petite) partie dans une violence beaucoup plus visuelle. Les effets spéciaux sont très réussis. Le gore est bien présent, mais il dénature l’équilibre qu’avait su trouver le film d’Eli Roth, qui avait réussi à offrir une menace crédible. Le sentiment de malaise avançait à pas confiant dans l’original, cette suite offre une césure bien trop brutale, le basculement de l’un à l’autre se faisant sans nuances.


Dans l’original, la menace était invisible, et l’un de ses intérêts était qu’elle bousculait chacun des membres, enfermant le groupe dans une paranoïa destructrice. Il n’y a plus vraiment cette bonne idée, entraînant la licence vers des rails plus classiques et attendus du genre horrifique. A part pour quelques exceptions, les personnages principaux s’entraident. C’est d’autant plus facilité que la menace infectieuse est affaiblie par une autre, extérieure pour souder le groupe, celle des autorités qui décident d’éliminer toute contagion à grands coups de sabots.


C’était déjà une idée présente dans le premier, qui était permise par le cadre naturel et reculé. Dans une petite ville, dans un établissement scolaire, il est impossible de croire au massacre perpétré. Les méthodes sont trop extrêmes. Et, curieusement, aucun adolescent n’a de portable pour alerter. Les images sont fortes, mais si on laisse travailler le cortex cérébral, on se rend compte que le film a sauté la barrière de la vraisemblance, quitte à se vautrer de l’autre côté.


Heureusement, le film a gardé de l’humour noir du premier, en se demandant même s’il n’en a pas rajouté une couche, à l’image du premier contaminé et de sa trachéo ou du punch salement « arrangé ».


L’original d’Eli Roth n’était pas non plus un modèle de finesse, mais il s’autorisait quelques nuances et idées qui lui ont attribué sa renommée. Le film donnait l’impression d’avoir été réfléchi et travaillé par un homme qui savait ce qu’il faisait. Pour le 2, la consigne semble être donnée d’abaisser le niveau à quelque chose de plus bas du front. De plus visuel, de plus immédiat dans son horreur et son action. Et la partie horrifique, bien qu’outrée, est probablement ce qu’il faudrait retenir du film. Mais puisqu’il fallait bien qu’il tienne une durée normale, du gras est rajouté avec une première partie interminable sur les motivations sans intérêts d’adolescents. Le film débute et se conclut même par des dessins animés au style horrible, estampillés petit-budget qui font frémir de pitié et qui semblent avoir été mis là pour ne pas tourner des scènes en plus.


Eli Roth n’a pas été impliqué dans cette suite, et le réalisateur Ti West, habitué des films d’horreur, a voulu faire retirer son nom, à cause de l’intervention de producteurs qui ont fait refilmer des pans entiers. Une bonne ambiance. C’est dommage que le résultat ressemble à ça, transposer l’infection à un groupe d’adolescents était en soi une bonne idée, mais le film se casse la figure.

SimplySmackkk
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le 1 janv. 2020

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