Pas vraiment Woody Allen en temps normal, son film annuel est loin d'être un "rendez-vous" que j'attends. Il me faut un point d'accroche pour y aller : Paris pour Minuit à Paris, le casting pour To Rome with Love (...), Blue Jasmine pour l'accueil critique et Kate Blanchet et....Kristen Stewart / Jesse Eisenberg pour Café Sociéty.


Rien de surprenant finalement, encore une fois, la partition de Woody Allen est bien connue et encore une fois on se retrouve dans ce milieu un peu mondain (mais pas le bourgeois de Blue Jasmine). Un milieu New-Yorkais, fêtard qui écoute du Jazz dans des "salon" aussi clinquant que factice tant dans la décoration que dans le ton. Puis un milieu californien du cinéma qui ne pense qu'en villa gigantesque (toujours d'actualité cela dit) et en dollars.
Dans tout cela on se retrouve à suivre Bobby qui s'en va vers la côte ouest pour vivre une autre vie et découvrir une forme de nouveau "American Way of Life". Un rêve que Vonnie a rapidement mis de côté pour savourer la simple vue de la plage. Commence alors un imbroglio amoureux entre le boss (accessoirement l'oncle de Bobby...), le coursier et la secrétaire.


Outre le portrait sociétal et historique plutôt réussi et sa bande son omniprésente et très jazzy, Café Society propose surtout une petite fable dramatique d'un amour évident mais "impossible". Pas parce que la société tout ça tout ça...juste parce que les choix à un moment donné ont empêchés ses deux là de faire leur vie ensemble. Une forme de banalité que l'on retrouve trop rarement des les comédies romantiques classiques. Puis cette fin brutale ajoute au message du film. Une forme d'amour rêvé que chacun regrettera mais en même temps avec ce sourire un peu en coin se rappelant le bon temps des flâneries dans les bars mexicains et des sorties à la plages cheveux aux vents en critiquant la société plastiques de Beverly Hills où les couples factices de New-York.


Dans tout ce clinquant mondain, Kristen Stewart livre une partition intéressante avec une forme de mélancolie naturelle et une maladresse charmante et charmeuse. Après tout, elle les fait tous tomber sous son charme. Mais, de mon côté, j'ai surtout été touché par la prestation d'Eisenberg. Il a toujours ce côté innocent un peu tête à claque qui sied tout à fait au personnage de Bobby. Ce monsieur tout le monde qui par mégarde se retrouve à la tête du salon à la mode. Ce gars qui aime tout et veut que tout le monde soit heureux autour de lui. Je l'ai trouvé très touchant dans un film pourtant assez fermé. Woody Allen ne nous invite jamais vraiment dans son film.
Blake Lively....voilà voilà...elle remplit son rôle. Elle est dedans. Plastique.
L'humour fait souvent mouche et les quelques saillies sont souvent bien senties malgré tout.


Enfin, l'image de Woody Allen dégage toujours quelque chose de particulier. Surtout cette scène où Vonnie arrive chez Bobby en pleurs et que seule la bougie éclaire les visages. C'est visuellement plutôt beau et surtout c'est la seule scène où on trouve une forme de romantisme intimiste qui se dégage.


Un Woody Allen comme tant d'autres, un livrable annuel qui ne fera pas date mais qui a le mérite de confirmer le talent des deux acteurs principaux (et de Steve Carell s'il le fallait encore). Kristen Stewart et Jesse Eisenberg enrichissent tous deux leur filmographie d'une collaboration avec Woody Allen. Que le temps de Twilight semble bien loin pour elle, après Sils Maria et The Guard où elle livrait deux sacrées perfs, elle est ici parfaite en séductrice aussi séduisante que lancinante.

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le 21 mai 2016

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Halifax

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