Le corps humain est une machine complexe. Lanthimos s'amuse avec ces corps en mettant en scène un père dont l'ambition est d'éduquer ses progénitures dans un monde clos et balisé : une maison avec jardin.


Leur existense, leur connaissance du monde, leur croyance se limiteront aux strictes frontières du domicile familial et à l'instruction des parents.


C'est intriguant et intéressant de voir dans le film ce parti pris de pousser loin ce désir de maitrise du père, qui fait vivre sa famille dans un monde totalement opaque à l'extérieur. Jusqu'ou un père pourra-t-il fabriquer "son monde" pour manipuler et dresser d'une certaine manières ses enfants ?


Le film propose et expérimente des idées à qui peuvent prêter à sourire voire qui sont flippantes : redéfinir le sens des mots (cela nous offre des scènes absurdes, la salière devenue téléphone...) ; retirer tout élément pouvant questionner sur l'ailleurs (les étiquettes d'une bouteille d'eau, la poxhette dun vinyle...) ; faire du chat un prédateur redoutable ; traduire les paroles d'une musique en anglais soi-disant chantée par le grand-père de manière à toujours manipuler les enfants. L'objectif étant de confiner femme et enfants à la maison pour les protéger du monde extérieur.


Ainsi cette maison devient un terrain de jeu pour le réalisateur qui peut mettre en scène ses expérimentations sur cette famille. Un mot d'ordre prononcée par le père à ses enfants: lorsque qu'une canine tombe, alors éventuellement le monde pourra s'ouvrir à vous (il sait et nous savons que les canines, au nombre de 4, sont les dents ayant les plus longues racines...).


Heureusement (ou malheureusement pour ce papa) toute cette machine manipulatrice n'est pas dispensée d'une faille. Un grain de sable dans l'engrenage peut rapidement faire dériver les ambitions du père.


Le jeu d'acteur est très minimaliste voire clinique dans le sens ou rien de déborde chez ces personnages. L'émotion est absente. Cela est quelque peu linéaire, et m'a semblé un peu répétitif dans le rendu global. Il en reste un premier film plutôt captivant et déroutant.



Ssird
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films et documentaires (re)vus en 2024 et 2024 : Rétrospective Yórgos Lánthimos

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le 27 avr. 2024

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