Ce postulat de départ d’un gamin intentant un procès à ses géniteurs est déjà un point de vue sidérant.Il l’est d’autant plus que Zain vient d’Orient et n’est en rien un pré adolescent occidental et favorisé.La charge mentale qu’il s’impose pour aider dans un premier temps sa sœur ( qu’il a l’intuition de protéger avant un mariage arrangé qui finira mal) et un enfant en bas âge qu’il veut faire survivre ( alors que lui-même est dans une précarité terrible). Nadine Labaki filme l’itinéraire de cet adolescent avec nervosité et questionne les mœurs et la violence ordinaire de son propre pays.Capharnaüm, au delà de décrire la volonté incroyable d’un gamin contre l’inacceptable, pose la question de la responsabilité des adultes face à leurs rôles de pédagogues, de passeurs de valeurs.Les parents de Zain ont beau être pauvres et ne pas avoir les ressources pour élever ( au propre comme au figuré) leurs enfants, ils leur doivent une vie décente. Zain, en allant jusqu’au bout de sa démarche, le fait valoir et sa conscience pourra dérouter les spectateurs de ce film. Cependant, là où Nadine Labaki frappe fort, ne fait- elle pas entrer beaucoup d’éléments en résonance? C’est la question litigieuse sur la force d’évocation de Capharnaüm.Est-elle si à-propos si elle conduit à une happy-end pour Zain et suggère que son combat fut le seul comptant? Il y a aussi la notion de rédemption pour ceux qui commettent des erreurs, étant plutôt éludée. L’un dans l’autre, Capharnaüm choisit une voie tout en évitant d’autres. Il restera cette scène de la photographie pour des papiers où Zain commence à entrevoir de la lumière dans son funeste destin.Elle soulève une simple question: Un horizon meilleur vaut-il cette volonté d’aboutir en mettant toutes ses forces dans son combat? Et Nadine Labaki en y répondant à sa manière, ne semble pas imposer un sillon.C’est peut-être le plus grand impact qu’elle pouvait proposer.