Morgan il pirata

André de Toth, c'est le réalisateur (un des borgnes d'Hollywood) de toute une série de très bons films policiers ou westerns réalisés aux USA. Et puis, il a fait une carrière européenne dans les années 1960 où, à l'exception de l'excellent "Play Dirty", il n'a fait que des navets.

Et "le capitaine Morgan" n'échappe à la règle. Bon, comme c'est une co-réalisation avec un italien Primo Zeglio (inconnu, en tous cas de moi), on peut dire aussi qu'il n'était peut-être pas aidé ; d'après wiki, le Zeglio a sévi dans le western spaghetti, c'est tout dire.

Du film "capitaine Morgan", on peut dire que j'ai bien aimé la photographie et globalement la mise en scène qui sent son professionnel. Les bateaux sont, parait-il, des bateaux de pêche transformés en bateaux du XVIème siècle mais en première approche ça semble plutôt crédible. Il n'y a toujours rien à dire.

Parce qu'ensuite, les dialogues sont d'une indigence crasse. Les entrevues (passionnées !) entre Valérie Lagrange et Steve Reeves sont à pleurer de rire : "je ne vous aime pas, je ne vous aimerai jamais, je veux repartir retrouver mon père" suivi d'un baiser brûlant (enfin, disons pas trop froid) et, montre en main, quelques secondes plus tard "je vous aime, je ne veux pas vous quitter" ; les dialogues sont reproduits en substance mais c'est à peu près ça. Ceci répété à plusieurs occasions dans le film. Les baisers de Steve, c'est quand même quelque chose…

Les transitions entre les scènes ? Connais pas. Brusquement d'une scène sur un bateau on se retrouve sur la plage où c'est la fiesta entre pirates. On comprend entre les lignes, qu'en fait ils venaient d'arraisonner un (riche, ça va de soi) navire espagnol. C'est du style, au montage : "mince, on ne l'a pas dit qu'il y avait eu un abordage ! Ah, ben qu'à cela ne tienne, on rajoute une phrase" en espérant que les scénaristes n'aient pas dit : "bof, t'occupe, de toute façon les gens qui vont regarder cette merde, ils ne s'intéressent qu'au baston". D'ailleurs, du baston, il y en a pour les amateurs mais ça traine en longueur. Même que j'ai surpris (mais j'ai pu me tromper) que des pirates ou des espagnols criaient avant d'avoir mal (= avant d'être embrochés).

Ouais, mais vous allez me dire le casting international, les acteurs, quand même …

Steve Reeves. Que dire … Il a de beaux pectoraux bronzés (bien épilés) ; il a une figure avenante aussi. A propos d'épilation, il y a un truc marrant lors du duel entre Steve Reeves et Armand Mestral. Tous les deux tombent la chemise et le torse du deuxième se révèle velu et quand même, moins goûteux. De dépit, il en remet la chemise. Alors les dialogues de Steve Reeves, que dire ? Ils sont un peu poussifs pour un grand chef pirate qui doit entrainer et motiver son équipe et négocier avec les anglais.

Armand Mestral ? Honnêtement, je ne l'ai pas reconnu, j'ai juste déduit que c'était l'autre pirate. Et je me demande encore qu'est-ce qu'il est venu faire dans cette galère. Le connaissant par ailleurs, je pensais qu'il allait pousser la chansonnette. Ce qui aurait été bien. Même pas.

Valérie Lagrange. J'en ai déjà parlé. Bien sûr elle ne joue que sur la partition qu'on lui donne. Mais elle n'est quand même pas terrible. Faut bien avoir le cerveau (lent) de Steve Reeves pour s'enticher de cette nana qui n'a rien de très attirant (le personnage dans le film bien sûr ...)

Chelo Alonso. Là , c'est une vraie femme pirate ! Mais à part deux ou trois réparties sans grand effet, elle est un peu inutile. J'ai bien cru un temps qu'on aurait droit à une scène de combat entre elle et Valérie Lagrange. Même pas.

Au final, le film n'est pas terrible, on s'y ennuie. La romance est à pleurer. Il manque un Errol Flynn pour dynamiser tout ça. Comme disent les corses, on a le temps de tuer son âne à coups de figues molles. Un film de De Toth à oublier.