Polanski et la déesse du bavardage
"A cette époque, j'étais tellement imbu de moi-même que j'étais persuadé que je pouvais adapter l'annuaire et en faire un grand succès." C'est sur cette citation du réalisateur Sylvester Stallone trouvée sur nanarland (incapable de trouver la source) que je commence ma critique. En effet, je pense que l'idée de ce film vient d'une sorte d'ubris de la part de Polanski qui s'est dit qu'avec un casting hollywoodien et son talent il pouvait filmer n'importe quoi. (Ou alors il est devenu agoraphobe, explication qui se tient en voyant la bande-annonce de La Vénus à la fourrure).
Malheureusement sans sombrer dans le plan séquence gadget comme Hitchcock et la corde le film sent la pièce de théâtre à plein nez. Il n'y a aucune "aération" dans le récit. La mise en scène se fait très voir trop discrète, mettant juste en valeur la pièce jouée. C'est d'autant plus dommage que cette pièce de théâtre comporte peu de mouvements, d'action... mais beaucoup de discussions. A plus d'un moment on se serait plus crus dans un film de Woody Allen qu'un Polanski. C'est assez problématique de la part du réalisateur de Chinatown et Rosemary's Baby. Quand j'ai vu ce film qui ne fait même pas 1h20, réalisé par un cinéaste comme Polanski et qui s'appelle "Carnage", je me suis dit : "c'est pas vrai, ils ont censuré ce film!" Le mot carnage n'est peut-être que symbolique mais j'avoue avoir trouvé très moyennement dérangeant le fait de voir 4 bourgeois s'engueuler.
Le plus dérangeant en fait a été le budget annoncé pour le film. Il doit sans doute s'agir du cauchemar de Roger Corman!
Mais en oubliant ces problèmes, on peut se satisfaire des jeux d'acteurs et des joutes verbales. C'est surtout drôle de voir les différents personnages chercher, en fonction du sujet de conversation, l'appui des autres contre leur adversaire.