Curieux, cette sensation de déjà-vu... Comme si l’histoire qui se déroulait sous nos yeux nous était familière. Sauf que là, nous sommes à New-York, terre du self made man où chacun, selon les dires, peut partir du Down pour atteindre le Up. Et là ou Klapisch est fort, c'est qu'il refait du neuf avec du vieux grâce un scénario riche, et qui laisse peu de place aux temps morts, dans lequel son héros tente de mettre de l’ordre au sein d’un monde toujours plus complexe et bordélique…

Romain Duris y est plus absorbant que jamais, et démontre une nouvelle fois qu’il est l'acteur le plus doué de sa génération. À ses côtés Cécile de France, Audrey Tautou et Kelly Reilly sont des partenaires de jeu excellentes. Mais ce qui est le plus amusant ici, c’est de reconnaître en chacun de ces quarantenaires une part d’enfant qui n’a jamais grandi, et qui semble nous être inhérente à tous quel que soit la vie que l’on mène.

Et ce côté enfantin, Cédric Klapisch va le mettre à profit dans sa mise en scène, grâce notamment ae cadre très singulier du quartier de Chinatown. Ainsi, le réalisateur nous laisse le New-York que l’on connaît au second plan, en lui préférant des plans rapprochés et plus intimistes. Seule reste la puissante symbolique du Down vers le Up grâce à un glissement progressif du sol vers le ciel.

Après l’insouciante vingtaine de Xavier dans l'Auberge Espagnole et sa joyeuse colocation cosmopolite, après sa trentaine sentimentalesque dans les Poupées Russes, nous voici devant la quarantaine. Celle de la maturité, des choix, mais aussi celle d’une seconde jeunesse. Dès lors jauger le bien-être du héros à chaque décennie, c’est s’identifier à ses doutes, ses peurs et ses décisions, dont nous ne sommes plus seulement les spectateurs, mais aussi nous-mêmes les acteurs.

Quand on lui demande s’il souhaite donner une suite à son oeuvre, Klapisch répond peut-être, Duris répond plutôt deux fois qu’une. Pour ma part, ce troisième film clôt à merveille la trilogie grâce à un final à la hauteur de nos espérances, bien que facile. Mais qui suis-je pour contester un nouveau voyage, peut-être celui de la cinquantaine, si le duo Klapisch/Duris est au rendez-vous comme aujourd’hui, et ce comme depuis 12 ans.

12 ans d'un cinéma propre à cette génération-là, celle des voyages, des choix, de l'amour et de la vie. 12 ans de péripéties uniques hors de notre douce France. 12 ans de rencontres grâce auxquelles nous avons appris de l’autre, avons appris de nous-même et sommes ressortis plus forts, grâce auxquelles celui qu’on nomme étranger est ce qui permet de mieux nous reconnaître. J'en terminerai donc par cette réplique de Xavier dans l'Auberge Espagnole : « He olvidado mi lengua maternal. ».

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