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Après un Captain Fantastic des plus plaisants, énergique, drôle et qui a donné le ton d’une compétition possiblement rock’n’roll à Deauville, Laura Dern se retrouve dans un coin paumé du nord des États-Unis, avec un client handicapé sur le dos qui essaie à tout prix d’obtenir raison auprès de son ancien employeur négligent. Le rythme volontairement lent, ponctué par quelques dialogues et jeux de regards endort. Mais le problème n’est pas là.
Mettre en scène une œuvre au rythme du décor qu’il dresse n’est pas nouveau, c’est même une intention très louable, car elle parvient souvent à offrir un surplus de « réel » bienvenu dans un long métrage. Kelly Reichardt réussit ce qu’on apprécie dans un film choral. [...] Le problème de Certain Women, c’est que ces liens sont si infimes qu’ils n’arrivent jamais à offrir cette sensation au spectateur. Les coupures entre les trois récits sont certes très bien opérées, mais tous ces destins de femmes un peu paumées sont si tristes qu’ils donnent au film une torpeur dont on aimerait bien se sortir. Tout le monde est désespéré dans ce coin des États-Unis, dans le froid et l’absence de contact. [...]
[...] La frustration est énorme, notamment dans le dernier segment. La cinéaste met en scène la remarquable Kristen Stewart (Beth Travis) dans une relation à sens unique avec une jeune fille. Beth se retrouve régulièrement dans un diner où les deux femmes apprennent à se connaître et discutent pour tuer la monotonie. Ces scènes ne leur apportent rien : elles continuent sur leur lancée et reprennent le misérable cours de leur vie. [...]